Les six candidats à l’élection présidentielle en Mauritanie se sont lancés vendredi en campagne pour succéder au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier ne peut se représenter au terme de son second mandat.
Les élections présidentielles en Mauritanie devraient marquer la première passation de pouvoirs entre un président sortant et son successeur élu dans ce vaste pays de 4,5 millions d’habitants, secoué par de nombreux coups d’État de 1978 à 2008.
L’actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz, ne peut se représenter au terme de son second mandat. Ancien général arrivé au pouvoir par un putsch en 2008, il a été élu en 2009 puis réélu en 2014 lors d’une élection boycottée par les principaux partis d’opposition.
Le parti de Mohamed Ould Abdel Aziz a désigné comme candidat un autre ex-général, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, qui a été le chef d’état-major de l’actuel président puis quelques mois ministre de la Défense.
Il affrontera au premier tour le 22 juin six candidats, dont l’ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007) Sidi Mohamed Ould Boubacar, soutenu par une coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale force d’opposition, et par l’homme d’affaires franco-mauritanien en exil Mohamed Ould Bouamatou.
Au lancement de sa campagne à Nouadhibou (nord-ouest) en présence du président sortant, le candidat du pouvoir a promis de « ne laisser personne au bord de la route ». Ould Abdel Aziz a appelé à éviter à « la Mauritanie un retour en arrière », affirmant que les autres candidats « appartiennent au passé, à la période de l’insécurité et de l’instabilité », rapporte l’AFP.
Parti vendredi matin pour Nema (sud-est), précisément dans cette région, pour y tenir son premier meeting, Ould Boubacar a appelé jeudi soir ses partisans à « un changement immédiat pour un régime civil », en référence à la perspective de voir se succéder deux anciens généraux.
Les critiques se focalisent sur les droits de l’Homme, dans une société marquée par des inégalités ainsi que des disparités entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d’ethnies subsahariennes.
Un autre candidat, Mohamed Ould Moloud, chef de l’Union des forces du progrès (UFP, gauche), a affirmé au début de sa campagne à Nouakchott vouloir « libérer le peuple mauritanien du régime qui le réduit à l’esclavage, qui a dilapidé ses richesses et liquidé ses institutions ».
De nouveau candidat comme en 2014, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, a vivement critiqué le régime sortant, qualifié d’ « incarnation du despotisme, de l’injustice, de la division », et affirmant tendre la main à « toutes les communautés ».
La liste des candidats comprend également Baba Hamidou Kane, journaliste, déjà présent en 2009 (moins de 2% des voix), ainsi que le néophyte Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi, haut fonctionnaire au Trésor mauritanien.