La justice sierra-léonaise a renforcé vendredi le poids au Parlement de la formation du président Julius Maada Bio en destituant 10 députés du principal parti d’opposition. Une décision qui a provoqué des heurts entre ses partisans et la police, qui a procédé à des dizaines d’arrestations.
La Haute cour de justice a invalidé l’élection de 10 des 16 députés de l’ancien parti au pouvoir, l’APC. Ces députés étaient poursuivis pour des infractions à la loi électorale, plus d’un an après les législatives de mars 2018.
Neuf des députés déchus ont été immédiatement remplacés par les candidats du SLPP, le parti du chef de l’État, qui avaient terminé en seconde position dans les circonscriptions contestées. Le dixième siège rendu vacant sera attribué lors d’une élection partielle, selon la Haute cour. Selon ses avocats, l’APC a l’intention d’introduire un recours devant la Cour suprême.
Sur les 132 députés élus de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, dont le sol regorge de diamants mais qui reste l’un des plus pauvres au monde, l’APC n’en compte désormais plus que 57, alors que le SLPP en dispose à présent de 58.
Des heurts ont éclaté à Freetown peu après la décision de justice devant le siège de l’APC, où la police a procédé à l’interpellation de dizaine de manifestants, dont de hauts responsables du parti et d’anciens ministres, selon une source policière.
« Nos partisans ont reçu des gaz lacrymogènes pendant des heures dans nos bureaux et ceux-ci ont été vandalisés et pillés », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’APC, Alhaji Foday Yanssaneh. Il a regretté que « 32 plaintes visant des élus du SLPP n’aient pas été examinées par la justice après un an ».
« Nous nous inquiétons des divisions politiques croissantes », a réagi Alphonso Bannie, membre d’un réseau local d’ONG de défense des droits de l’homme, cité par l’AFP. Et ce, alors qu’une guerre civile a fait quelque 120.000 morts dans le pays entre 1991 et 2002.
L’APC a récemment boycotté une conférence sur la cohésion nationale et la paix, ainsi qu’une élection locale, en accusant le pouvoir d’intimidations et de violations des droits de l’homme.