Le ministre de l’intérieur du Sénégal, Aly Ngouille Ndiaye a présidé, hier, une réunion pour lancer le processus de dialogue politique national qui devrait rassembler tous les acteurs.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle, Issa Sall a répondu présent, les autres prétendants malheureux (Sonko, Seck et Niang) se sont fait représentés par Matar Sourang qui a assisté à l’événement, au nom du « front de résistance nationale » (FRN).
Ces candidats défaits acceptent ainsi de participer au dialogue, mais refusent qu’il soit organisé sous la férule du ministre de l’intérieur. Le parti démocratique sénégalais (PDS) qui compte le plus grand nombre de députés au sein de l’opposition, a décliné l’invitation.
Il exige qu’au préalable « une révision du procès de Karim Wade » et la libération de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar qui purge une peine de 5 ans de prison, suite à sa condamnation pour « détournement de deniers publics, faux et usage de faux ».
Les objectifs de la concertation annoncée sont : d’évaluer la présidentielle du 24 février, notamment son volet parrainages, de discuter du fichier électoral, d’affiner les modalités d’organisation des élections locales (parrainages, caution, mode d’élection des maires), de fixer les modalités de désignation du chef de l’opposition, de recueillir des propositions sur l’autorité en charge de l’organisation des élections et de mener la réflexion sur toute autre question digne d’intérêt et retenue d’accord parties.
On le voit, des questions essentielles sont sur la table, pour ainsi dire, et devraient susciter une forte participation de tous les acteurs : partis, société civile, organisations sociales diverses etc.
Les opposants qui ont réclamé à cor et à cri un dialogue inclusif, sont servis et ont l’occasion de peser sur un débat de fond qui devrait aboutir à une révision consensuelle du code électoral.
À l’exception regrettable du PDS qui continue d’être l’otage de l’affaire Karim Wade (qui a été jugé, emprisonné et gracié, mais non amnistié), l’approche des autres opposants semble prometteuse.
Il faut souhaiter que le débat soit dépassionné, autant que possible, pour forger des compromis dynamiques qui feront avancer la démocratie sénégalaise. La démocratie est une œuvre humaine, toujours perfectible.
Le Sénégal a de solides références dans ce domaine et a, toujours réussi à bâtir des consensus intelligents et respectueux des principes d’équité, de transparence et d’éthique républicaine.
Les crispations exacerbées par les enjeux de la présidentielle ne sont plus de saison. Les élections locales en vue, sont importantes, mais moins polarisantes. Il y a donc opportunité de nouer un dialogue sincère pour une meilleure organisation des scrutins, avec une prise en charge plus efficace de la question impérative des parrainages.
Le fichier électoral qui n’est pas une vache sacrée, doit être révisé, avec toutes les garanties de transparence. L’opposition a intérêt à suivre ce processus, de manière très attentive, tout comme la majorité présidentielle. Se mettre d’accord sur la désignation du chef de l’opposition exige une concertation politique et un choix, le plus consensuel possible.
L’action de la commission électorale autonome (CENA) mérite d’être passée au peigne fin et l’évolution de la structure pourrait être envisagée. Tout est donc sur la table et le gouvernement semble prêt à écarter tout tabou. L’opposition n’a pas d’excuse et a tout intérêt à s’impliquer totalement. Si le PDS choisit la politique de la chaise vide, c’est son droit.
Ceux qui ont accepté de répondre à l’invitation du gouvernement ou qui se sont fait représentés ont compris la portée de l’événement. On ne peut pas passer son temps à reprocher au gouvernement de ne pas dialoguer suffisamment, et lorsqu’il ouvre la porte et tend les bras, on se recroqueville dans le déni de réalité. Les absents ont toujours tort.
Participer à un dialogue est un acte de liberté. Être prisonnier d’une position dogmatique n’en est pas un. Il faut le savoir.