Le ministre algérien des Finances Mohamed Loukal, gouverneur de la Banque centrale jusqu’à sa nomination fin mars au gouvernement, est entendu lundi par le Parquet sur des soupçons notamment de « dilapidation » de fonds publics, selon la télévision nationale. La justice avait annoncé le 20 avril avoir convoqué M. Loukal en compagnie de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, sans préciser si elle souhaitait les entendre comme témoins ou suspects.
Selon les informations fournies par la télévision nationale, le ministre « comparait en ce moment devant le Procureur de la République d’un tribunal d’Alger où il fait face à des accusations dans des affaires de dilapidation des deniers publics et d’avantages indus ».
L’ex-puissant chef de la police Abdelghani Hamel, limogé en juin 2018, est également entendu lundi, avec son fils, au tribunal de Tipaza, à 60 km à l’ouest d’Alger dans d’autres affaires. « Le général Hamel et son fils font face à des accusations d’activités illégales, de trafic d’influence, de détournement de biens fonciers et d’abus de fonction » toujours selon la télévision.
Depuis quelques jours, les images des coups de filet tournent en boucle sur les chaînes d’État. Parmi les hommes arrêtés on retrouve notamment Issad Rebrab. Âgé de 74ans, l’homme est considéré comme l’homme le plus riche d’Algérie. Selon Forbes, sa fortune, estimée à 3,4 milliards d’euros, est la sixième d’Afrique. D’après l’agence officielle APS, cet industriel est « soupçonné de fausse déclaration concernant le mouvement de capitaux de et vers l’étranger, surfacturation, importation de matériel usagé en dépit de l’octroi d’avantages bancaires, fiscaux et douaniers ».
Depuis le départ du pouvoir le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission par un mouvement de contestation inédit, la justice algérienne a ouvert une série d’enquêtes sur des faits de corruption contre plusieurs puissants hommes d’affaires et contre de hauts responsables de l’État.
Les manifestants, qui réclament toujours le départ de l’ensemble du système au pouvoir, dénoncent depuis le début de la contestation le 22 février, les liens troubles entre la présidence Bouteflika et les oligarques, hommes d’affaires ayant fait fortune grâce à d’énormes contrats publics.