Les responsables de la contestation au Soudan ont annoncé dimanche la suspension des discussions avec les militaires. Les dits responsables ont appelé à intensifier les manifestations réclamant un pouvoir civil.
Le Conseil militaire est considéré par les manifestants comme un « prolongement du régime » de l’ex-président Omar El-Béchir, destitué le 11 avril dernier. « Nous suspendons nos discussions avec le Conseil militaire » de transition, a déclaré un porte-parole des organisations représentant la contestation, Mohamed al-Amine. Ce dernier s’adressait à des milliers de personnes rassemblées devant le QG de l’armée à Khartoum. Mohamed al-Amine a appelé, selon l’AFP, à « poursuivre et intensifier les manifestations jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ».
Le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah Al-Burhane, a fait monter la pression sur les manifestants en condamnant le blocage de routes et la fouille de personnes sans en avoir l’autorité, lors d’une rencontre avec des officiers de haut rang. Il faisait référence aux barrages et points de contrôle établis par les manifestants aux abords du QG de l’armée.
Samedi 20 avril dernier, les dirigeants militaires et les leaders de la contestation avaient eu des discussions et convenu de les poursuivre. D’autres séries de discussions avaient également eu lieu auparavant, selon un responsable de la contestation.
Plus tôt dans la journée, le général Burhane avait affirmé à la télévision son « engagement à remettre le pouvoir au peuple », et promis que l’armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants.
Il avait également indiqué que l’équivalent de 113 millions de dollars, en devise américaine, euros et livres soudanaises, avaient été saisis dans la résidence de Béchir. Le président déchu a été arrêté puis emprisonné après sa destitution par l’armée sous la pression de la rue.
Et le nouveau procureur général, al-Walid Sayyed Ahmed, en place depuis quelques jours à peine, a de son côté annoncé des dispositions pour contrôler les biens des hauts responsables du régime du président destitué et de leurs familles.
Mais ces annonces n’ont pas apaisé la foule qui campe depuis plus de deux semaines devant le siège de l’armée pour réclamer un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile, seule à leurs yeux à même de garantir une véritable transition politique.
Pour rappel, la contestation au Soudan, déclenchée le 19 décembre après la décision du gouvernement El-Béchir de tripler le prix du pain, s’est rapidement transformée en contestation inédite contre le président déchu et plus largement du système en place.