Il n’y a pas eu de collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie lors des présidentielles. C’est l’une des principales conclusions du rapport du procureur Robert Mueller chargé d’enquêter sur les soupçons qui planaient sur la gestion de la campagne présidentielle de l’homme fort de Washington.
Une fois les premiers éléments du rapport publiés, le locataire de la Maison Blanche n’a pas hésité à tirer sur ses détracteurs comme à son habitude. « Pas de collusion, pas d’obstruction. Pour les rageux et les démocrates de la gauche radicale, c’est Game Over », écrivait le président sur son compte Twitter.
Mais ce que le président Trump ne dit pas dans son tweet largement repris par la presse dans le monde c’est qu’après 22 mois d’enquête, l’équipe de Robert Mueller ne le dédouanait pas totalement, notamment en ce qui concerne les tentatives d’obstruction à la justice. Face au manque de preuves et aux contraintes légales, le procureur spécial laisse la possibilité au Congrès de poursuivre les investigations à propos de ce sujet.
Une intervention Russe contre la candidate démocrate
La première version du rapport du procureur spécial Robert Mueller a consacré une partie importante aux tentatives russes d’influer sur la campagne présidentielle américaine de 2016. Le document de 448 pages révèle l’existence d’un bureau basé en Russie et qui s’est employé à dénigrer la campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton. « L’Internet Research Agency » (IRA), aurait acheté des publicités et organisé des événements politiques aux États-Unis. S’en est suivi une campagne intensive à l’encontre d’Hillary Clinton sur les réseaux sociaux, favorisant Donald Trump.
Mettant aux grands jours les agissements des employés de l’IRA qui se faisaient passer pour des personnes ou des entités américaines locales, les enquêteurs n’ont pas pu identifier de preuves établissant une coordination entre des citoyens américains et l’IRA.
S’attardant sur le piratage des messageries électroniques du parti démocrate et de proches de sa candidate connue pour ses positions hostiles au président Russe Vladimir Poutine, le rapport révèle que les cyber-attaques ont été perpétrées par des hackers russes liés au service du renseignement militaire du Kremlin, le GRU. « Les Russes ont ensuite diffusé les informations interceptées sur internet, notamment sur Wikileaks durant l’été », conclue le rapport qui n’a pas pu établie de complicité américaine volontaire avec les tentatives d’ingérence russe qui sont, quant à elles, bien avérées.
De nombreux liens mais pas de poursuites.
Lancée avec comme objectif principal de déterminer s’il y a collusion ou pas entre les équipes de Trump et les Russes, l’enquête menée par le procureur Mueller n’a pas répondu aux questions principales du départ. En effet, si le procureur confirme que de « nombreux liens » ont été établis entre l’équipe de Donald Trump et les Russes, il n’a pas pu toutefois engager des poursuites au motif d’une conspiration ou d’une trahison délibérée. « Les preuves n’étaient pas suffisantes pour mettre en accusation quiconque dans l’équipe de campagne de Trump » a souligné le rapport qui n’a pas omis de souligner certains contacts entre les Russes et les équipes de campagne de Trump.
Allant dans les détails, le rapport retrace les différentes rencontres entres les hommes de Trump et les Russes. Selon le procureur, ces rencontres commencent dès 2015 au sujet de la création d’une Trump Tower à Moscou. Une rencontre longtemps niée par Donald Trump qui la présenté comme une Fake News. Le rapport cite également les relations du gendre de Trump avec les Russes. En juin 2016, il reçoit, avec le frère de sa femme, Donald Trump Jr, et le directeur de campagne, Paul Manafort, une avocate russe et d’autres individus à la Trump Tower de New York.
C’est des rencontres de ce genre qui a poussé le procureur à s’interroger dans son rapport sur les rapports entretenus par les équipes de Trump avec les Russes. « L’équipe de Donald Trump a-t-elle violé les lois américaines sur le financement électoral ? ». La question a été posée par l’enquêteur qui s’est dit intrigué par une rencontre aux Seychelles avec un banquier d’affaires proche du Kremlin. Finalement, le rapport explique que le procureur a renoncé, faute de preuves, là encore.
Manque de preuves mais toujours autant de soupçons.
« Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’exonère pas non plus ». C’est l’une des phrases qui interpellent le plus dans le rapport préliminaire du procureur. Pour le responsable, certains agissements de l’équipe du président peuvent être assimilés à des tentatives d’obstruction à la justice. Commentant son enquête, le procureur spécial Robert Mueller a affirmé que « si nous étions certains, après une enquête rigoureuse, que le président n’avait clairement pas commis d’entrave à la justice, nous le dirions ».
Dans cette enquête, qui a duré presque deux années, le procureur a listé les ordres donnés par le président aux témoins clefs. Mentir ou ne pas collaborer aux investigations sont les principales demandes de Trump adressées à ses collaborateurs. Ces machinations ont débuté lors du limogeage opéré par Donald Trump du chef du FBI chargé de l’enquête, James Comey. Nommé pour le remplacer le 17 mai 2017, Robert Mueller évoque une scène saisissante dans son rapport : face à ses collaborateurs, le président américain se dit « foutu » en apprenant la nouvelle de sa nomination. « C’est terrible. C’est la fin de ma présidence », aurait confié l’ex-magnat de l’immobilier. Il se serait ensuite démené pour faire chuter le procureur Mueller.
Aujourd’hui, la balle est désormais dans le camp du Congrès. C’est aux élus de décider sur la poursuite de l’enquête. Les élus démocrates demandent déjà l’accès à l’intégralité du rapport, la version expurgée publiée jeudi 18 avril ne comprenant pas les informations jugées confidentielles. Dans les prochains jours, il faudra s’attendre à une audition du procureur par les membres du Congrès. Plusieurs élus démocrates comptent sur ce rapport pour faire tomber le président en plus. Les déclarations virulentes des détracteurs de Trump confirment que la guerre n’est toujours pas gagner.