Trois mois après son élection, la République démocratique du Congo attend toujours son nouveau gouvernement. Depuis son investiture, Félix Tshisekedi n’a toujours pas formé de gouvernement, et travaille soit avec des ministres de l’ancienne équipe du président Kabila, soit avec des intérimaires.
Le président congolais, en tournée cette semaine dans le Nord-Kivu où plusieurs centaines de civils ont été massacrés depuis octobre 2014, n’a pas non plus procédé à des réformes majeures au sein de l’appareil sécuritaire, à part un changement à la tête de l’Agence nationale de renseignements (ANR).
Le président est lié par un accord politique avec les pro-Kabila qui contrôlent le Parlement, les assemblées provinciales, une majorité de poste de gouverneurs et l’appareil sécuritaire. Mardi, le nouveau président de la RDC avait lancé un avertissement sans précédent aux élus qui « manipulent » les groupes armés dans l’est du pays. Le président les a menacés de poursuites pour « complicité d’assassinat ».
« J’ai averti tous les acteurs qui manipulent les groupes armés. La loi va s’appliquer à eux dans toute sa rigueur », a déclaré le président congolais, qui effectue son premier déplacement dans l’intérieur du pays depuis son élection. Une tournée entièrement placée sous le signe de la lutte contre l’insécurité.
« Tous ceux qu’on arrêtera, qu’il soit député national ou provincial, pas question d’immunité. Il sera traduit devant la justice. Et il sera condamné pour complicité d’assassinat », a poursuivi le président congolais.
La veille à Goma, chef-lieu du Nord Kivu, le président Tshisekedi a réuni un conseil de sécurité. Pendant cette réunion, un responsable militaire a accusé « certains politiciens véreux » de soutenir des groupes armés, d’après le compte-rendu du ministre de l’Intérieur par intérim, Basile Olongo.
Frontalière de l’Ouganda et du Rwanda, la province du Nord Kivu est depuis 25 ans le fief de groupes armés congolais ou étrangers, principalement le FDLR hutu rwandais. À Beni, les massacres sont attribués par les autorités aux ADF, historiquement des musulmans ougandais luttant contre le président Museveni et installés dans l’est du Congo depuis les années 90.