Le candidat djiboutien Mahamoud Ali Youssouf a été élu président de la Commission de l’Union africaine (UA).
Il remplace le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui a bouclé ses deux mandats à la tête de l’UA et n’avait plus la possibilité de se représenter.
Le choix des chefs d’État africains, porté sur le candidat djiboutien, est une surprise, car Raila Odinga, présenté par le Kenya, bénéficiait du soutien déclaré de nombreux pays. Il était également appuyé activement par son président, William Ruto, qui n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre ses collègues chefs d’État.
Mais cela n’a manifestement pas suffi et, comme lors de ses cinq tentatives à l’élection présidentielle au Kenya, Odinga a été battu. Ses atouts de vétéran du jeu politique kenyan, son âge (80 ans) et la place de son pays sur l’échiquier politique est-africain ont certainement pesé négativement. Ils sont devenus des handicaps.
Si Odinga avait gagné, le Kenya aurait bénéficié d’une plateforme continentale de premier plan, tant sur le plan africain que mondial.
Les États qui rivalisent avec Nairobi pour le leadership régional, après avoir apporté leur soutien, ont peut-être été moins enthousiastes lors du vote organisé hier à Addis-Abeba. Ou alors, une majorité de chefs d’État a simplement refusé de mettre en selle une figure politique d’envergure, qui pourrait prendre des libertés en tant que président de la Commission de l’UA et pencher vers tel ou tel géant de la scène mondiale à l’occasion.
L’expérience, la forte personnalité et même la campagne tonitruante d’Odinga l’ont desservi.
Le choix du candidat djiboutien apparaît moins risqué : il vient d’un petit pays qui abrite des bases militaires appartenant aux « géants » américain, chinois et français, qui paient une location bienvenue.
De plus, Mahamoud Ali Youssouf est un diplomate chevronné, qui totalise vingt ans à son poste de patron de la diplomatie djiboutienne. Son élection consacre la diplomatie d’un petit pays sans histoire, qui bénéficie de la confiance de trois États membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.