La décision brutale d’augmenter les frais d’inscription dans les universités françaises décidée par le président Macron et son gouvernement, à la surprise générale, vient d’être rejetée par le conseil constitutionnel.
Les sages de cette auguste institution de la République ont précisé que « la gratuité de l’enseignement inscrite dans la Constitution doit s’appliquer à l’enseignement supérieur public et donc aux universités ».
Cette décision fait honneur au pays des droits de l’Homme qui a vocation à défendre l’universel et, par conséquent l’enseignement public gratuit. Cela ne veut pas dire que les universités soient ouvertes à tout le monde et n’exigent pas des frais d’inscription. Non !
Mais, une fois les examens permettant d’y accéder, réussis (notamment le BAC), l’étudiant-citoyen doit pouvoir s’inscrire, en payant des « frais modiques ». C’est ce sens de la mesure que l’augmentation décidée par le président Macron n’a pas respectée.
Comment comprendre que les frais d’inscription soient portés, d’un seul coup, de 180 euros, pour tous les étudiants, à 2270 euros pour les étudiants étrangers (non européens) ? Pour les étudiants africains c’était un coup dur, une discrimination intolérable.
Il faut se féliciter que les étudiants français se soient mobilisés contre cette « injustice ». Le revers subi par le gouvernement français, au niveau du Conseil constitutionnel est à saluer, mais l’affaire n’est pas encore pliée.
Ce sera maintenant, au tour du Conseil d’État de se pencher sur la question. Cependant, il faut reconnaître que la gratuité totale et pour tous n’est pas tenable pour la France, ni pour aucun autre pays de sa « taille ».
Les ressources sont limitées -même pour un pays aussi riche- et la concurrence anglo-saxonne est féroce et, elle ne s’embarrasse pas de coûts prohibitifs. Les universités américaines, notamment, même si elles n’ont pas vocation à faire des profits, exigent des frais d’inscription qui écartent les étudiants dont les parents ont des revenus modestes. Sauf s’ils ont des bourses !
Il y a même une dérive des coûts qui poussent les étudiants à s’endetter à vie. Ces vingts dernières années les coûts ont quadruplé voire quintuplé dans certaines universités prestigieuses dont les diplômes sont aussi très recherchés. Ceci expliquant cela !
Dans un système capitaliste débridé où tout est monnayable. La France ne doit pas suivre un tel modèle, si elle veut continuer à promouvoir la francophonie en Afrique et dans le monde. Les frais d’inscription ne sont pas des vaches sacrées ; ils peuvent être augmentés, de manière raisonnable et graduelle.
Le nombre de bourses doit être plus élevé et favorisé les étudiants méritants des couches populaires françaises et africaines, et d’autres pays. Démocratiser l’enseignement supérieur est une fiction, car il y a l’exigence incontournable de l’excellence et de la méritocratie républicaine.
Un enseignement supérieur de qualité impose la sélection par le mérite. Non par la discrimination financière. Les diplômes ne s’achètent pas, ils se conquièrent par la maitrise des connaissances et des savoirs, à travers le parcours du combattant que sont les examens et concours rigoureux et impartiaux.
La balle de la lucidité est maintenant dans le camp du Conseil d’État français. Nous attendons son verdict.