Ashoura (dixième) dérive du vocable arabe (Ashrat) qui signifie le nombre dix. Cette date marque le dixième jour de l’année hégirienne en référence à l’exil du messager d’Allah, Mouhammad (SWS) de la Mecque vers Yathrib, qui devient dès lors, Madinatoul Mounawwara, (la ville éclairée). Cette rupture avec le système de la jahiliya, opérée par le Prophète de l’islam et ses compagnons vertueux, aura permis de sécuriser la transmission du message d’Allah, porté par son vénéré envoyé Mouhammad, le Quraïshite.
Confronté aux défis du temps, Abou Moussa Al Ash’ari, gouverneur du Calife Ulmar Ibnoul Khattab à Bassorah (Al Baçra) demanda à ce dernier de lui indiquer une date de référence pour immortaliser les missives et actes administratifs qu’ils échangeaient ; le Calife consulta ses collaborateurs et a fini par retenir la Hijra (l’exil) comme devant marquer le début d’une nouvelle ère, c’était 17 ans après la Hijra. De même, le mois de Mouharram fut choisi pour débuter le nouvel an musulman, qui fonctionne selon le calendrier lunaire. L’année musulmane compte ainsi 12 mois et dure 354 ou 355 jours.
Jeudi dernier marquait le jour d’Ashoura (dixième) jour du premier mois (Mouharram) de l’ère hégirienne. La journée d’Ashoura est diversement célébrée dans le monde musulman. Pendant que les Chiites la considèrent comme un jour de deuil, puis qu’elle coïncide avec l’assassinat d’Housseïne, Ibn Imâm Ali et Fatimat Zahra, fille du prophète Mouhammad(Sws), chez les sounnites (Ahlous sounnah wal Jama’a), elle se célèbre par le jeûne des 9ème et 10ème jours (Tâssou’a et ‘Ashoura), avec la distribution de repas copieux, le soir du 9ème jour.
En Afrique de l’Ouest, c’est Tamkharite (le mot viendrait du Tamashek), en plus du jeûne des deux jours ci-dessus mentionnés, on prépare le soir du 9ème jour de copieux repas de couscous à la viande de bœuf, les filles se déguisent en habits de garçons et les garçons en habillements de filles, parcourent les quartiers pour demander des cadeaux (Ta’jabône) (moqueries). Ce mot est tiré du verset 52 de la sourate (An Najm) (les étoiles).
Traditionnellement, les élèves des écoles coraniques profitaient de cette célébration pour réviser la plupart des sourates coraniques qu’ils ont apprises durant l’année écoulée et aimaient particulièrement répéter cette sourate qui met l’accent sur la nette différence qu’il y a entre Allah, le créateur, le seul qui mérite d’être adoré et les fausses divinités, créées par la seule imagination des hommes. Les enfants en quête de cadeaux, se permettaient certaines libéralités en s’emparant durant leur procession de tout ce qui n’est soigneusement gardé durant cette nuit.
Le lendemain, (au matin du 10ème jour), on s’adonne aux prières collectives et aux ziârâts (visites de courtoisie). Tout le contraire de ce que font les chiites, qui dans leurs Housseyniyât (commémorations de la mort de l’Imâm Al Housseïne), s’adonnent à des prières, des pleurs et présentent des condoléances aux membres de la famille du prophète (SWS) (Ahloul bayt).
Au Sénégal, l’Ashoura est un jour férié, chômé et payé, depuis que la proposition de loi, introduite par le député Mansour Bouna Ndiaye fut votée en 1978. Cet état de fait, conduit certains Sénégalais à croire que la fête marque le 1er jour de l’année musulmane, alors qu’elle célèbre en réalité le 10ème jour du premier moi de l’année hégirienne.
A noter que le choix de l’Hégire comme date de référence de la communauté musulmane, témoigne de la primauté de l’action sur les titres et autres privilèges dans l’islam. Lorsque le Calife Umar Al Khattab faisait ses consultations pour le choix d’un évènement de référence, certains avaient proposé la date de naissance du Prophète Mouhammad(Sws), d’autres, la date de sa mort, mais le Calife avait rétorqué aux uns et aux autres, que la naissance ou la mort ne relèvent pas du mérite du Messager d’Allah, contrairement à l’Hégire, qui aura demandé réflexions, efforts et persévérance de la part du Guide de la communauté naissante ainsi que de ses illustres compagnons.