La diplomatie américaine a un nouveau patron. Mike Pompeo vient d’être nommé, par le président Trump, au poste de secrétaire d’état à la place de Rex Tillerson. Limogé aujourd’hui, Tillerson n’avait pas la même vision des affaires étrangères que le locataire de la maison blanche. Sa visite en Afrique a-t-elle accéléré sa chute ?
«Mike Pompeo sera notre nouveau secrétaire d’État. Il fera un travail fantastique ! Je remercie Rex Tillerson pour son service » annonçait ce matin le président américain Donald Trump sur son compte sur Twitter. Clôturant aujourd’hui, une visite officielle en Afrique qui l’a mené dans cinq pays, Tillerson n’a pas parlé à Trump et ignore toujours les raisons de son limogeage selon un responsable américain.
L’Afrique en est pour quelque chose ?
Le Tchad est un « partenaire important » dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré, lundi 12 mars, Rex Tillerson à N’Djamena, alors qu’il était encore Secrétaire d’État. Formulant sa volonté de normaliser les relations avec ce pays placé sur liste noire américaine en septembre 2017, le responsable américain semblait aller à l’encontre des décisions prises par son président.
En mauvais termes avec le chef d’État tchadien Driss Déby, le président Trump avait, en effet, pris plusieurs mesures contre N’Djamena afin de rappeler que l’Amérique reste la première puissance mondiale. Des mesures provoquant la colère de ce pays et de son président qui avait boycotté la dernière assemblée générale de l’ONU à New York.
Selon une source proche du dossier, même l’itinéraire de cette visite africaine, touchant en plus du Tchad, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et le Nigeria n’avait pas l’approbation de la Maison Blanche. Le Secrétaire d’État sortant aurait donc pris sa décision sans attendre le feu vert de l’administration Trump. Une manœuvre qui en est pour beaucoup dans la décision de son limogeage.
Iran, Russie, Afghanistan… tous responsables ?
Toutefois, si la dernière visite en Afrique a considérablement pesée dans la décision du président Trump, elle n’est pas la seule. En effet, le locataire de la Maison Blanche avait déjà avoué ses divergences avec M.Tillerson sur nombre de dossiers dont l’accord nucléaire avec l’Iran. Toutefois, la presse américaine avait rappelé, à maintes reprises, que des questions telles que le nombre d’effectifs déployés en Afghanistan, le blocus du Qatar et la question Cubaine ne faisaient pas l’unanimité au sein de l’administration américaine.
De son coté, Moscou a ironisé mardi sur le remplacement du chef de la diplomatie américaine en se demandant si la Russie, accusée d’ingérence dans l’élection de Donald Trump, serait une nouvelle fois montrée du doigt. « Personne n’a encore accusé la Russie d’être responsable des changements de poste à Washington ? », s’est interrogée la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova aujourd’hui.
De la CIA aux affaires étrangères !
Prenant ses fonctions à la tête de la diplomatie américaine, Mike Pompeo est considéré comme un « fidèle » par le président américain. Âgé de 54 ans, l’ancien patron de la CIA avait minimisé l’importance des ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016, faisant valoir que Moscou a cherché à influencer la vie politique américaine depuis des décennies.
Sur la même longueur d’ondes que Trump sur la question iranienne, Pompeo est présenté comme « très virulent à l’égard de l’Iran et favorable à la dénonciation de l’accord sur le nucléaire conclu entre Téhéran et les grandes puissances en 2015 ». En octobre dernier, il a même accusé l’Iran de rechercher une hégémonie régionale.