Le Soudan s’enfonce un peu plus encore dans la crise.

La police soudanaise a tiré des gaz lacrymogènes lundi sur des centaines de manifestants rassemblés à Khartoum pour défier l’état d’urgence, imposé par le président Omar El-Béchir afin d’empêcher la poursuite des protestations.

Le président soudanais a décrété l’état d’urgence vendredi pour un an à travers le pays, secoué depuis le 19 décembre par un mouvement de contestation contre son régime. Il a également limogé le gouvernement aux niveaux fédéral et provincial.

Malgré ces mesures, les manifestations perdurent, réclamant notamment le départ du président, 75 ans, qui tient le pays d’une main de fer depuis un coup d’État en 1989. Lundi, des centaines de personnes rassemblées dans la capitale Khartoum ont scandé “liberté, paix, justice“, le slogan de la contestation, selon des témoins cités par l’AFP. La police a tenté de les disperser en tirant des gaz lacrymogènes.

Les organisateurs de la manifestation, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), avait exhorté à « défier l’état d’urgence ». Déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays en plein marasme économique, les manifestations quasi quotidiennes se sont vite transformées en contestation du régime.

Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux.

Rejetant les appels à sa démission, le président El-Béchir a toutefois opéré des changements dans les hautes sphères du pouvoir, allant jusqu’à destituer son allié de longue date et premier vice-président Bakri Hassan Saleh.

Dimanche, Mohamed Taher Ela a prêté serment en tant que nouveau Premier ministre et le président El-Béchir a nommé à la tête des 18 provinces du pays 16 officiers de l’armée et deux responsables de la sécurité.