L’ex-première Dame ivoirienne, Simone Gbagbo, condamnée à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l’État, a été libérée mercredi et a retrouvé ses partisans. Et ce, deux jours après l’amnistie proclamée par le président Alassane Ouattara pour favoriser la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Un « geste fort » en faveur de la réconciliation nationale
Simone Gbagbo, 69 ans, a quitté l’école de gendarmerie où elle était détenue depuis quatre ans vers 12H15 (locales et GMT) pour regagner sa résidence du quartier de Cocody à Abidjan où l’attendaient un millier de sympathisants en liesse.
L’amnistie de 800 personnes, dont Simone Gbagbo, a été annoncée lundi par le président Ouattara, afin de favoriser la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. En plus de l’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, plusieurs personnalités de l’ex-régime, dont l’ancien ministre de la Défense Lida Kouassi, détenu depuis 2014 et condamné début 2018 à 15 ans de prison pour « complot », ainsi que l’ancien ministre de la Construction, Assoa Adou, condamné en 2017 à quatre de prison, ont bénéficié de cette mesure.
Cette mesure d’amnistie a été unanimement salué par la classe politique en Côte d’Ivoire, évoquant « un geste fort en faveur de la réconciliation nationale » à deux ans de la prochaine élection présidentielle.
Rappelons que la Cour suprême de Côte d’Ivoire avait cassé il y a quelques jours le jugement d’acquittement dont avait bénéficié en 2017 l’ex-première Dame au terme de son procès en assises pour crimes contre l’humanité pendant la crise post-électorale. En mars 2017, La Cour d’assises d’Abidjan a déclaré mardi l’ex-première Dame de Côte d’Ivoire “non coupable des crimes qui lui sont reprochés“, mais n’avait pas été libérée pour autant. Elle était jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara et pour sa participation présumée à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime.
Toujours poursuivie par la CPI
Simone Gbagbo est également mise en cause au sujet des exactions commises par des escadrons de la mort pendant la crise politico-militaire du début des années 2000 ainsi que dans la disparition en avril 2004 du journaliste Guy-André Kieffer, qui enquêtait sur des malversations dans la filière cacao, ce qui pourrait avoir gêné l’entourage du président Laurent Gbagbo, alors au pouvoir.
Libre en Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo reste poursuivie par la Cour pénale internationale (CPI) qui a délivré contre elle un mandat d’arrêt en février 2012. Mais le président Ouattara a affirmé en 2016 qu’il “n’enverrait plus d’Ivoiriens” à la CPI, estimant que son pays avait désormais une “justice opérationnelle“.
Laurent Gbagbo est quant à lui à la Haye depuis 2011 au centre de détention de la Cour pénale internationale où se déroule depuis 2016 son procès pour crimes contre l’humanité, pour des faits remontant à la crise de 2010-2011, qui a fait 3.000 morts.