Asmara et Addis-Abeba ont décidé de renouer leurs relations diplomatiques rompues depuis deux décennies. Cette décision spectaculaire a sanctionné la visite exceptionnelle du premier ministre éthiopien Ahmed Abiye dans la capitale érythréenne ce jour.
C’est à la sortie de son audience avec le président érythréen Issayas Afwerki que le chef du gouvernement éthiopien a fait l’annonce de ces retrouvailles surprenantes. En effet les deux pays qui ont fait la guerre entre eux et qui se détestaient violemment sont restés figés dans une hostilité qui ne s’est jamais démentie.
L’Érythrée était une province de l’Éthiopie, la seule qui lui donnait accès à la mer. Mais les habitants de cette province se sont toujours opposés à Addis-Abeba. Jusqu’à obtenir leur indépendance reconnue par l’OUA (actuellement union africaine).
L’organisation panafricaine avait dû faire une entorse à sa doctrine concernant « l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ». Elle fera une autre entorse pour favoriser la division du Soudan.
Il faut donc se féliciter de ces retrouvailles entre deux pays frères qui ont toutes les raisons de coopérer dans tous les domaines. Les intérêts bien compris de leurs peuples que beaucoup unit devraient les y pousser. Même si des décennies de confrontations et des siècles d’inimitié ont érigé des barrières psychologiques qu’il va falloir s’atteler à démanteler.
La rapidité de la réconciliation, quelques jours seulement après une visite d’une délégation érythréenne à Addis-Abeba est une claire indication de la volonté des leaders des deux pays de tourner la page. Et de privilégier les défis de l’avenir.
À cet égard c’est Asmara qui a le plus à gagner dans la normalisation car l’Éthiopie est en plein boom économique : une croissance de 10% depuis plusieurs années, une population de près de 100 millions d’habitants (la deuxième ou troisième en Afrique) et des projets infrastructurels d’envergure qui impactent toute la région.
L’Érythrée, elle est en proie à une dictature absurde qui l’enfonce dans la misère et pousse ses ressortissants à l’exode.
L’Éthiopie qui avait connu des famines désastreuses dans les années 70 et 80 a fait résolument cap vers l’avenir et l’émergence en devenant un lieu de délocalisation pour les entreprises chinoises.
Une fois réconciliés les deux pays vont rouvrir leurs frontières et l’accès à la mer par l’Érythrée sera, à nouveau disponible pour l’ancien empire du Négus. L’intégration économique sous-régionale va se développer au grand bénéfice des populations des deux pays.
Les retrouvailles entre Asmara et Addis-Abeba sont une bonne nouvelle pour l’Afrique toute entière et pour la Corne de l’Afrique en particulier.