Les personnes qui dépendent du commerce entre le Niger et le Nigeria réclament la réouverture de la frontière.

Pour lutter contre la contrebande qui coûte cher à son budget, le Nigeria a décidé de façon unilatérale et brutale de fermer sa frontière de plus de 1.500 kilomètres avec le Niger, un des États les plus pauvres au monde, de même qu’avec ses autres voisins.

À Dan Issa, dernier poste de contrôle du Niger avant la frontière, de longues files de camions du Niger et de pays ouest-africains, vides ou chargés de marchandises, sont toujours bloqués à la frontière nigériane, selon l’AFP.

À Maradi, la grande ville du Sud-Est, proche de la frontière nigériane, l’indignation et l’inquiétude gagnent la population, dont la majorité vit de l’agriculture et surtout du commerce grâce au flux important d’échanges avec le géant nigérian, première économie d’Afrique de l’Ouest avec ses 190 millions d’habitants et ses richesses pétrolières.

Pour rappel, le président nigérian Muhammadu Buhari avait déjà décidé la fermeture des frontières entre les deux pays pendant près de deux ans – d’avril 1984 à février 1986-, peu après son arrivée au pouvoir par un putsch en 1983, pour sauver son pays confronté à la chute des cours du pétrole, la baisse des exportations et la contrebande.

La frontière n’avait été rouverte qu’après la chute de Buhari, renversé par un autre coup d’État. Les habitants demandent aux gouvernements du Niger et du Nigeria de se mettre autour d’une table pour négocier, écrit l’AFP. Car la mévente et la chute des prix frappent les produits locaux faute de débouchés, tandis que les prix des produits importés du Nigeria flambent. L’onde de choc s’est propagée jusqu’à Niamey, la capitale, à 650 km de Maradi.

La tonne de ciment importé (produit par le groupe nigérian Dangote) qui était à 95.000 FCFA (144 euros) est monté à 120.000 FCFA (182 euros). La cigarette est passée de 25 FCFA à 100 FCFA l’unité “, résume Mamanane Nouri, le responsable d’une association de consommateurs.

Conséquence de la fermeture des frontières, la contrebande s’est développée, au nez et la barbe des douanes. D’incessantes navettes de motos et camionnettes acheminent riz, niébé, souchet au Nigeria à travers des pistes tracées dans les champs. Au retour, ils ramènent des bidons d’essence, de la canne à sucre, de la patate douce, des pièces de motos et de voiture…