Les Pasdarans fers de lance d’une diplomatie de la “Fitna” !
“La Révolution islamique est universelle et son champ d’action se situe à trois niveaux dont le premier est l’Iran, le deuxième, le monde islamique et le troisième, le monde des opprimés, partout où ils peuvent se trouver dans le monde”, disait l’Imam Rohullah Mussavi Khomeiny, Premier Guide de la révolution islamique d’Iran.
Il décidait ainsi de l’exterritorialité de la révolution islamique et son exportation, partout où se trouveraient des minorités chiites dans le monde (subtilement désignées par le concept des opprimés). De cette conception belliqueuse et expansionniste, est née l’idée d’une diplomatie de la “Fitna” (situation déstabilisatrice), pratiquée par l’Iran depuis l’accession des Mollahs au pouvoir en 1979.
Les Mollahs, qui ont également théorisé l’emprise des Ayatollahs sur le pouvoir politique via le concept de “wilâyatoul Faqi” (la gouvernance des clergés), qui attribue le rang prestigieux de ” Guide suprême de la révolution ” à un des leurs.
La chute du Shah d’Iran et la fuite de son dernier Premier ministre Chapour Bakhtiar ont permis aux Mollahs, dirigés par Ayatollah Khomeiny de s’emparer du pouvoir en Iran et d’ériger un régime théocratique, qu’ils qualifient de “révolution islamique”.
L’épine dorsale de ce singulier régime est constituée par les Pasdarans (Gardiens de la révolution), véritable armée parallèle. “Le Sepah-e Pasdaran est séparé de l’armée iranienne régulière et lui est parallèle. Ils sont très bien équipés avec leur propre marine, armée de l’air et forces terrestres. La force est aussi responsable des missiles d’Iran sur lesquels l’armée régulière n’a aucun contrôle. Son quartier général se situe sur la base aérienne de Doshan Tappeh, siège également du commandement de l’armée de l’air iranienne. Les gardiens de la révolution sont le plus grand groupe d’influence économique en Iran. Entre autres, ils contrôlent des ports et aéroports sur lesquels passent des marchandises non déclarées, notamment le port de conteneurs de Bandar Abbas. Ils détiennent ou contrôlent des entreprises dans le secteur du bâtiment, de la construction navale et des télécommunications”, explique Azadeh Kian, sociologue au Centre monde iranien du Centre national de recherche scientifique français.
La politique expansionniste de l’Iran a fait éclater aux années 80, la meurtrière guerre Iran-Irak, qui aura duré 8 ans, pendant lesquels, les deux belligérants ont subi des pertes énormes, aussi bien en vies humaines qu’en ressources matérielles. La vision expansionniste a vite déteint sur les relations entre l’Iran et ses voisins du Golfe.
C’est ainsi que l’Iran occupe les (3) îles de la Grande Tomb, la Petite Tomb et Abu Mussa, appartenant de manière légitime aux Émirats arabes unis. L’hégémonie iranienne sur le détroit d’Ormuz, par lequel transitent les navires pétroliers qui transportent plus des deux tiers du pétrole du monde, constitue une réelle menace pour la paix et la sécurité internationales.
Ce couloir stratégique, ouvert à tous les navires, quel que soit leur pavillon, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982, a toujours symbolisé l’entente et l’harmonie entre les peuples, en même temps qu’il constituait un facteur de stabilisation. Par ses agissements provocateurs, l’Iran a complétement déstabilisé cette zone.
“Au début de la Révolution, nous n’avions (…) aucune intention (…) d’exporter la révolution par voie militaire sur le modèle soviétique”, assure M. Akbar Ganji, l’opposant iranien le plus médiatisé. Ganji ajoute : “Ce qui se passait dans la zone a dicté un nouveau comportement”, dit-il en citant une série d’” incidents ” survenus alors “dans le monde musulman : attaques terroristes contre des ambassades américaines, contestations chiites en Arabie saoudite ou en Irak, assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate (1981) etc”.
Face à ce qui est perçu comme une volonté de les déstabiliser, certains pays arabes prennent leur garde et se positionnent par rapport à la menace iranienne, c’est “d’ailleurs l’une des causes conduisant à l’éclatement de la guerre entre l’Iran et l’Irak en septembre 1980″, relève un spécialiste de la question iranienne.
En juillet 2017, le Koweït arrête et juge des individus supposés être des terroristes à la solde d’Iran et du Hezbollah libanais, travaillant pour la déstabilisation de ce pays. Cela conduit à une crise diplomatique ayant entraîné la fermeture de plusieurs missions diplomatiques iraniennes au Koweït et l’expulsion d’une quinzaine de diplomates iraniens.
À travers le Hezbollah libanais, les Pasdarans disposent, via le CGR d’un quartier-général opérationnel à Ras al-Aïn (Baalbek), dont l’une de ses fonctions principales est de piloter les activités militaires hors d’Iran. Cinq commandements opérationnels sont situés à Beyrouth-sud.
Entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, les relations ne cessent de se dégrader jour après jour, depuis l’avènement du pouvoir des Ayatollahs. Déjà, le 20 novembre 1979, il y a eu la prise d’otages opérée dans l’enceinte de la sainte mosquée de la Mecque, par un groupe terroriste. Les Iraniens, par leur attitude vis-à-vis de cette forfaiture ont été soupçonnés d’être derrière cette opération satanique qui aura duré du 20 novembre au 4 décembre 1979. Il y a eu 127 morts côtés terroristes et 117 morts côté forces de sécurité saoudienne.
Le 22 janvier 2015, les Houthis (Chiites yéménites), appuyés par l’Iran s’emparent du Palais présidentiel à Sanaa, obligeant le Président Abdrabbo Mansour Hadi à démissionner. Ceci a contraint l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis à intervenir pour freiner les exactions et violations des droits de l’Homme, commises par les Houthis téléguidés et appuyés par le régime belliqueux de l’Iran.
Avec l’Émirat de Bahreïn, l’Iran entretient également des relations tendues, marquées par des menaces incessantes de la part du voisin persan. En 1984 l’Iran a mis sur pied le « Hezbollah du Golfe », qu’il place sous le commandement du général de brigade du CGR (corps d’élite des Pasdarans, Mohammad-Mostafa Najjar qui avait séjourné au Liban depuis 1982 en tant que premier chef des pasdarans dans ce pays. Najjar sera plus tard nommé ministre de l’Intérieur du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013).
Le « Hezbollah du Golfe » sera ensuite mis sous la tutelle de la Force Qods (force extraterritoriale des Pasdaran), créée en 1990. “Depuis 2004, le dossier du Yémen, tout comme celui du Bahreïn, est entièrement géré par le général de brigade du CGR Amirian. Il dirige, en effet, la branche de la force Qods qui traite en particulier des pays du Golfe persique et de la péninsule arabique”, souligne une étude qui date de 2015 sur la Géopolitique dans le Golfe. La même étude signale également : “l’existence d’un «think tank » sous l’appellation d’ « Andicheh-sazan-e Nour » (littéralement « bâtisseurs des pensées lumineuses») qui traite des questions politiques de la région du Golfe persique au sein de la Force Qod”.
Dirigée par le général de brigade Saadollah Zareï, cette entité comporte plusieurs branches, une première s’occupant de la région du Golfe persique, une seconde étant un comité pour l’Afrique du nord, une troisième travaillant quant à elle sur le Moyen-Orient en général. “« Andicheh-sazan-e Nour » fournit des renseignements et des analyses au sujet du Bahreïn, à la fois au Bureau du Guide suprême, aux chefs des trois pouvoirs, au QG du Corps des pasdarans ainsi qu’à celui de la Force Qods”, précise-t-elle.
L’objectif visé à long terme, est d’implanter au Bahreïn et au Yémen des régimes chiites, soumis aux ordres de Téhéran. Ceci avait amené Sheikh Khaled ben Ahmed al-Khalifa, ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, à déclarer lors de la rencontre de Varsovie que “défier l’hostilité de l’Iran était plus urgent que la résolution du conflit israélo-palestinien. Nous avons grandi en considérant le conflit israélo-palestinien comme le problème le plus important qui doit être réglé, d’une façon ou d’une autre, mais plus tard, nous avons vu un plus gros problème apparaître, plus toxique dans notre histoire: il s’agit de la République islamique d’Iran”, avait-il précisé.
L’Afrique n’échappe pas non plus, aux tentatives expansionnistes iraniennes. En décembre 2015, l’armée nigériane a fait face à une tentative d’assassinat du chef d’état-major des armées, par une milice de Cheikh Ibrahim Zakzaky, un chiite nigérian inféodé à l’Iran. L’armée a tué plus de 300 membres de sa milice, avant de procéder à son arrestation, manu militari. Ce dernier avait fait de Zaria, au Nord du pays, son fief, où il voulait installer une branche d’un “Hezbollah africain”.
À noter qu’à leurs débuts, il y a eu une certaine collaboration entre Cheikh Ibrahim Zakzaky, le chiite et Mohammed Yusuf, un salafiste pur et dur, chef historique de Boko Haram. En décembre 2010, le Sénégal avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran, suite à l’arraisonnement dans les côtes nigérianes de deux navires, battant pavillon iranien et transportant des armes d’origines iraniennes, destinées au MFDC, le Mouvement rebelle au Sud du Sénégal, qui a déclenché en 1983, une lutte armée pour l’indépendance de la région méridionale.
À travers la manipulation des minorités chiites en Afrique, l’Iran tente d’étendre, vaille que vaille, son influence, dans cette partie du monde. Son entêtement pour développer son programme nucléaire, serait à l’origine de la tension qui envenime, de nos jours, les relations entre les États-Unis et l’Iran. Ces derniers n’ont pas manqué, d’ailleurs d’inscrire les Gardiens de la révolution et le Hezbollah, dans la liste des organisations terroristes.
إيران ونظرية تصدير الثورة