Donné vainqueur par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Abdelamadjid Tebboune est le nouveau président de l’Algérie.

Le Scrutin du jeudi 12 décembre 2019 a débouché sur l’élection d’Abdelmadjid Tebboune au premier tour avec 58,15% des voix ? Cet ancien éphémère Premier ministre de Bouteflika est considéré comme l’incarnation parfaite du système, déjà décrié par le “Hirak” (mouvement de protestation populaire).

Le taux de participation qui n’atteint pas 40% est un des plus faibles de l’Algérie démocratique. Le candidat islamiste, Abdelkader Bengrina qui vient en deuxième position avec 17,38% des voix, est considéré comme la surprise de ce scrutin. Il n’en demeure pas moins que la rue algérienne se demande encore si Abdelmadjid Tebboune parviendra-t-il à relever les grands défis qui l’attendent ?

En dépit de l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, ancien Premier ministre, comme la plupart de ses malheureux concurrents, président de la république d’Algérie, dès le premier tour, la situation reste préoccupante. Le “Hirak” qui totalise plus de 40 semaines d’occupation de la rue et de protestation, réclamant le départ massif des gens du “Système”, “Al-‘içâba” (la bande de mafia du régime), continue à croire que rien n’a encore changé.

Le Système corrompu, érigé par Bouteflika est toujours au pouvoir. Selon eux, l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune est une mascarade qui perpétue la corruption, la concussion et la mal gouvernance. Pourtant, l’élu du 12 décembre semble avoir décrypté le message du peuple algérien qui a préféré, le jour du scrutin, rester dans la rue au lieu de se rendre aux urnes.

Un peu plus de 4 millions d’électeurs ont voté pour Abdelmadjid sur une population électorale de plus de 24 millions. L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a vite fait de confirmer les résultats provisoires consacrant l’élection du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, dès le premier tour.

Membre du Comité central du tout puissant FLN, plusieurs fois ministre puis éphémère Premier ministre, Tebboune est perçu, à juste titre, comme un apparatchik, ancré dans le système pourri, béni par l’Armée, qui gouverne le pays depuis l’indépendance.

Pour cette raison, Abdelmadjid Tebboune a comme premier défi, d’asseoir sa légitimité et son autorité en tant que président de la république. Comment Abdelmadjid va-t-il se débarrasser du poids influent du patron de l’Armée, le général Ahmed Gaïd Salah ? Le président Tebboune réussira-t-il à amener le “Hirak” sur la table du dialogue, auquel cas, pourra-t-il les convaincre de quitter la rue, sans qu’il n’ait recours au bâton ?

Ces préalables résolus, l’économiste Tebboune fera face au défi tenace de relever l’économie algérienne, mise en état comatique depuis belle lurette. Mission tenace, malgré les ressources énormes dont dispose ce grand pays du Maghreb arabe.

La grande surprise de ce scrutin assez singulier est sans nul doute la percée du candidat islamiste Abdelkader Bengrina qui vient en deuxième position avec 17,38% des voix, devançant d’anciens premiers ministres dont l’un d’eux était soutenu par le FLN !

Beaucoup d’observateurs ont été surpris par l’avance de Bengrina devant des concurrents aussi balèze qu’Ali Benflis (10,55%), Azzedine Mihoubi (7,26%) et enfin Abdelaziz Belaïd (6,66%). Une alerte sérieuse concernant la survivance de l’islamisme dans le pays d’Ahmed Ben Bella.