Le dialogue national a été lancé lundi par le chef du gouvernement camerounais, Paul Biya, sur fond de contestation.

Plusieurs personnalités politiques camerounaises ont profité du Grand dialogue national pour aborder par communiqué ou sur les réseaux sociaux des questions sur la forme de l’État, sujet exclu par le pouvoir.

Le Dialogue national a été lancé lundi par le gouvernement camerounais pour résoudre la crise anglophone qui ensanglante l’ouest du pays. Lors des débats, John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front (SDF, principal parti d’opposition), a exigé un retour au fédéralisme à deux États, comme c’était le cas avant l’abolition de ce système en 1961, selon une déclaration lue lors du dialogue national ouvert lundi, selon l’AFP.

« Si (les propositions du SDF) sont ignorées, le SDF n’aura d’autre choix que de se retirer du dialogue », a-t-il prévenu dès lundi. Le SDF avait déjà menacé de ne pas prendre part au dialogue qui s’est ouvert lundi.

L’opposant Akeré Muna, anglophone et avocat de renom, a décidé de claquer la porte des discussions dès lundi, dénonçant le refus de Yaoundé d’ouvrir un débat sur la forme de l’État, selon des médias locaux. Le dialogue national se poursuivait mardi par des travaux en commissions à huis clos.

Une autre opposante, Alice Sadio, a annoncé mardi sur les réseaux sociaux sa décision de ne plus prendre part aux travaux, dénonçant un « grand monologue hypocrite ». En convoquant le dialogue, le président Paul Biya avait défini les sujets débattus, excluant de fait les questions sur le fédéralisme et la sécession qui est prônée par une partie des anglophones. Biya, 86 ans dont près de 37 au pouvoir, avait aussi exclu tout dialogue sur son statut de président.

Mais une figure de son parti, le Rassemblement du peuple camerounais (RDPC), Ibrahim Mbombo Njoya, sultan de Foumban (ouest), a pris la parole lundi dans le cadre du dialogue pour poser, contre toute attente, la question de l’alternance au sommet de l’Etat. « Le seul remède qui pourrait guérir le mal est (notamment) la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux (pour une durée de cinq ans chacun) », a-t-il déclaré.

Présent lors de cette intervention, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, qui préside le dialogue national, a prié Mbombo Njoya de se conformer au cadre fixé par M. Biya.

En 2008, alors que la Constitution limitait la présidence à deux mandats de cinq ans, M. Biya avait obtenu de l’Assemblée nationale, dominée par son parti, une suppression de cette disposition. Il a été réélu en octobre 2018 pour un mandat de sept ans lors d’une élection contestée.