Le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji, a demandé l’arrestation et l’inculpation de Henry Rotich et de 27 hauts responsables, pour corruption.

Le Kenya fait de bon chiffre dans le développement économique mais également dans la lutte contre la corruption. Dans une nouvelle mesure visant à renforcer le principe de la reddition des comptes, le ministre kényan des Finances Henry Rotich et 27 hauts responsables de son département ont comparu ce mardi devant la justice pour répondre des faits retenus contre eux, à savoir corruption, fraude et détournement de fonds d’une valeur de 21 milliards de shillings et destinés à la construction des barrages Arror et Kimwarer dans le comté d’Elgeyo-Marawet.

La corruption fait réagir le président

C’était un début de semaine très chargé pour le Directeur des Poursuites Pénales (DPP) au Kenya, Noordin Haji. Il s’agit de l’homme qui a ordonné à la police d’arrêter l’argentier du pays ainsi que ses collaborateurs. Sur la liste des chefs d’accusation on retrouve notamment la fraude, l’abus de pouvoir, l’irrégularité financière et autres crimes économiques. Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre de la lutte promise par le président Uhuru Kenyatta contre une corruption endémique, dans un pays marqué ces dernières années par plusieurs scandales impliquant la disparition de centaines de millions de dollars d’argent public.

Lors de sa comparution devant la justice, M. Rotich a nié les accusations portées contre lui. Le ministre des finances est notamment poursuivi pour des “irrégularités” dans les procédures d’octroi du marché à une entreprise italienne en faillite pour la construction des deux barrages dans l’ouest du Kenya, destinés à améliorer l’approvisionnement en eau dans ce pays d’Afrique de l’est et à fournir de l’électricité.

Plus 164 millions de dollars détournés

Tenant une conférence de presse lundi dernier, le directeur du DPP a fait savoir que « l’enquête a montré que les responsables gouvernementaux ont bafoué toutes les règles d’attribution des marchés et commis des abus de pouvoir pour s’assurer du succès de leur combine ». Pour le responsable, l’attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna, pourtant en faillite et faisant l’objet d’une liquidation judiciaire, avait contourné toutes les procédures en vigueur.

Le contrat prévoyait que le coût total du projet serait de 450 millions de dollars (401 millions d’euros), mais le ministère des Finances avait augmenté ce montant de 164 millions de dollars sans justification adéquate, selon l’acte d’accusation. « Les personnes que nous inculpons aujourd’hui étaient chargées de protéger l’intérêt public et ont sciemment rompu cette confiance », avait déploré le DPP.