Des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté, dimanche, à Khartoum, pour demander aux militaires le transfert du pouvoir à un Conseil civil.

La situation au Soudan s’embrase. Après plusieurs semaines de contestations et le départ du président en place, les Soudanais ne voient toujours pas le bout du tunnel. L’avenir s’annonce même plus sombre avec l’accélération des évènements dans ce pays qui a connu famine, guerre civile, coup d’État, scission… et désobéissance civile. Le pays va d’ailleurs faire face à une nouvelle désobéissance civile le 14 juillet prochain.

Le principal mouvement de la contestation au Soudan vient d’appeler en effet à ce mode de protestation au lendemain de manifestations de masse pour faire pression sur les généraux désormais au pouvoir depuis le départ d’Omar El Béchir. Le mouvement n’est pas à ses débuts. Du 9 au 11 juin dernier une campagne de désobéissance civile avait quasiment paralysé la capitale Khartoum.

Ce dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont déjà manifesté à travers le pays pour que le Conseil militaire remette le pouvoir aux civils. Dix personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans les violences en marge des rassemblements, selon des bilans de la police et du ministère de la Santé cités par l’agence officielle Suna.

Selon plusieurs sources, la mobilisation dans la ville d’Oumdermane était la plus forte. Trois cadavres, portant des marques de torture, ont été découvert dimanche dans la ville voisine de Khartoum. La découverte de ces corps porte à 136 le nombre de victimes tombées depuis le début des contestations.

Pays à risque, le Soudan risque de plonger dans le chaos malgré la main tendue de plusieurs pays arabes pour une sortie de crise. Les plus pessimistes comparent la situation au chaos libyen déclenché depuis la mise à mort du guide libyen Mouammar Kadhafi.

La contestation au Soudan a été déclenchée initialement par le triplement en décembre du prix du pain dans un pays pauvre à l’économie exsangue. Les manifestations ont rapidement pris une tournure politique en réclamant l’éviction du président, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis près de trois décennies.