Un chef de la contestation craint plus de violences envers les manifestants, lors de la prochaine manifestation.

Les manifestants au Soudan risquent d’être la cible de nouvelles violences, met en garde un leader de la contestation, Babiker Faisal, figure de l’ALC. Pour ce dernier, le « massacre » perpétré lors de la dispersion du sit-in de Khartoum le 3 juin a été « planifié ».

Le principal mouvement de contestation au Soudan, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), organise dimanche des manifestations de masse. Il s’agit du premier appel du genre depuis la dispersion du sit-in devant le QG de l’armée qui a fait des dizaines de morts.

« La dispersion brutale du sit-in nous laisse penser que la violence pourrait (de nouveau) être exercée contre les manifestants », met en garde Babiker Faisal, figure de l’ALC, cité par l’AFP. « Cela dépendra du Conseil militaire et de la manière avec laquelle il va se comporter avec les manifestations », dit-il.

Depuis la destitution par l’armée du président Omar El-Béchir, le 11 avril, les chefs de la contestation sont engagés dans un bras de fer avec le Conseil militaire de transition, qui a pris les rênes du pouvoir.

Au moins 128 personnes ont été tuées dans la répression du 3 juin et les violences des jours suivants, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités donnent un bilan de 61 morts.

Le campement, initié le 6 avril pour réclamer le départ de M. El-Béchir, avait ensuite pour objectif de faire pression sur les militaires et obtenir le transfert du pouvoir aux civils. Le Conseil militaire a affirmé ne pas avoir ordonné la dispersion, assurant qu’il s’agissait à l’origine d’une opération antidrogue dans le secteur voisin de Columbia.

Les généraux ont reconnu que « des officiers et des soldats » étaient entrés sur le sit-in au moment de l’opération de Columbia. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) ont été pointés du doigt par les manifestants et des ONG.

Alors que ces derniers mois la contestation parvient à rallier des dizaines de milliers de personnes grâce aux réseaux sociaux, la mobilisation a fortement faibli ces dernières semaines, internet étant largement bloqué sur ordre du Conseil militaire. Des petits rassemblements se tiennent toujours de jour comme de nuit, mais les RSF sont stationnés à tous les coins de rue et certaines manifestations ont été dispersées.