Le nouveau président tunisien Kaïs Saïed a prononcé mercredi 23 octobre son premier discours devant le Parlement.

Kaïs Saïed a prêté serment hier, mercredi 23 octobre 2019, devant l’Assemblée constituante, devenant ainsi le Président d’une Tunisie qui aspire au vrai changement.

Dans son discours d’investiture, le tout nouveau président tunisien a invité ses compatriotes à faire don d’une journée de salaire pendant 5 ans, pour payer l’endettement de la Tunisie. Ce faisant, le Président Kaïs Saïed a voulu mettre à l’épreuve sa légitimité populaire qui sera le socle de sa mandature.

Ne disposant pas d’appareil politique, ni de députés au parlement, le professeur-président ne peut compter que sur sa légitimité populaire pour gouverner ce peuple avide de renouveau et de démocratie.

Le président Kaïs Saïed est resté égal à lui-même. Peu de promesses, une nette propension à l’action. Pour le président tunisien, la révolution culturelle qui a débouché à l’avènement d’une nouvelle république dont les institutions sont à bâtir, cristallise l’espoir, souvent déçu, d’un peuple digne et résilient.

À ce propos, le Président Kaïs compte apporter des réformes en profondeur qui videront l’Assemblée actuelle de ses députés élus au suffrage universel direct en faveur d’élus locaux émanant de la base. Selon Saïed Kaïs, ” les députés doivent émaner de la base afin de constituer une assemblée vraiment représentative des populations “.

Il entend lutter contre la corruption, le terrorisme et la gabegie et défendre les causes justes notamment la cause palestinienne ” ce qui ne signifie point de l’antisémitisme “, précise-t-il. L’unité du Maghreb arabe est une de ses priorités, tout comme “ la Tunisie continuera à honorer ses engagements internationaux “, a-t-il affirmé. L’indépendance de la justice sera renforcée “ pour aller de l’État de droit vers une société de droit “, a-t-il martelé.

Le nouveau président de la Tunisie considère que l’ère des partis politiques est révolue et que ces derniers finiront par disparaître tout naturellement. Il donne comme exemple, les révolutions du printemps arabe, les manifestations des gilets jaunes en France, les hirak châ’bi (mouvements populaires de contestation) en Algérie et au Soudan qui ne sont encadrés par aucun parti politique. “ Ces cadres sont devenus obsolètes et dépassés “, indique-t-il.

Le grand défi pour le président Kaïs Saïed est de pouvoir garder son indépendance vis-à-vis de son allié au second tour, le parti Ennahda, qui sera appelé d’ailleurs à former le nouveau gouvernement. Tâche difficile, si l’on sait qu’Ennahda, ne dispose pas d’une majorité qualifiée pour former le gouvernement. Il lui faudra chercher des alliés pour atteindre le quorum permettant de s’acquitter de cette tâche.

M. Kaïs Saïd aura besoin d’un soutien financier consistant et conséquent pour pouvoir maintenir son indépendance à l’égard des forces d’influence internes et externes. Dans ce domaine, la coopération arabo-islamique pourrait jouer un grand rôle.