Des centaines de milliers d’Algériens mobilisés à Alger contre un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a mis en garde jeudi contre une possible « infiltration » de la contestation, susceptible de provoquer le « chaos ». Une mise en garde à la veille de nouvelles manifestations qui s’annoncent importantes contre sa candidature à un 5ème mandat.

Les contestations populaires contre le 5ème mandat de Bouteflika se poursuivent en Algérie. Les manifestations, officiellement interdites depuis 2001, sont désormais quasi-quotidiennes, notamment à Alger. Sur les réseaux sociaux, le hashtag « #Mouvement_du_8 mars » appelle à une mobilisation massive vendredi.

Jeudi, un millier d’avocats du barreau d’Alger se sont rassemblés devant le siège du Conseil constitutionnel qui étudie, depuis le 4 mars, les dossiers de candidatures à la présidentielle, en réclamant qu’il invalide celle du chef de l’État. Leurs confrères de Constantine, en grève depuis la veille, se sont aussi rassemblés devant le tribunal de la 3ème ville du pays.

Le Conseil constitutionnel doit statuer sur les candidatures avant le 14 mars. Bouteflika a perdu au cours des dernières 24 heures le soutien, qui lui est habituellement acquis, des trois importantes associations liées à la guerre d’indépendance dont il est un ancien combattant, selon des communiqués publiés dans les médias locaux.

Plusieurs dizaines de journalistes se sont également rassemblés pour le 2ème jeudi consécutif sur la Place de la Liberté de la Presse, dans le centre d’Alger, pour protester à nouveau contre les “pressions” exercées selon eux par leur hiérarchie dans leur couverture du mouvement de contestation.

Dans un message publié par l’agence de presse officielle APS, le président Bouteflika salue d’abord la « maturité » de ceux qui manifestent depuis le 22 février en Algérie pour « exprimer pacifiquement leurs opinions », sans jamais évoquer le mot d’ordre principal: le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle.

Il appelle ensuite « à la vigilance et à la prudence quant à une éventuelle infiltration de cette expression pacifique par une quelconque partie insidieuse, de l’intérieur ou de l’extérieur, qui pourrait susciter la « Fitna » et provoquer le chaos ».

Confronté, depuis qu’il a annoncé sa candidature, à une contestation inédite depuis qu’il a été élu pour la première fois en 1999, Bouteflika n’a pas expliqué qui était susceptible d’être cette « partie insidieuse ». Son message a été publié à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, qui coïncidera avec un troisième vendredi de mobilisation à travers le pays.

Âgé de 82 ans, M. Bouteflika est affaibli par les séquelles d’un AVC, qui l’ont empêché depuis 2013 de s’adresser de vive voix à ses concitoyens et ont rendu rares ses apparitions publiques. Il est officiellement hospitalisé à Genève (Suisse) pour des examens médicaux et son retour n’était toujours pas été annoncé jeudi soir, mais son directeur de campagne s’est voulu rassurant.