Le président Omar El-Béchir a nommé un nouveau gouvernement.

Le nouveau Premier ministre soudanais a dévoilé mercredi la liste de son gouvernement qui va avoir la lourde tâche de s’atteler à la grave crise économique. Cette dernière a provoqué des manifestations inédites demandant le départ du président Omar El-Béchir.

Il s’agit du troisième gouvernement à être formé en moins de deux ans, les deux derniers ayant été limogés pour avoir failli à résorber la crise économique. Le Premier ministre Mohamed Taher Ela a été nommé le 23 février après la dissolution par le président du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial, une mesure prise face au mouvement de contestation, déclenché en décembre.

Les membres du gouvernement, qui comprend 18 ministres d’État, doivent prêter serment jeudi. Outre la dissolution des gouvernements, le président El-Béchir avait également imposé l’état d’urgence à l’ensemble du pays pour tenter d’obtenir la fin du mouvement de contestation, là où la répression avait échoué.

Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts. Mohamed Eila a indiqué mercredi à des journalistes que son gouvernement, qui conserve plusieurs ministres du précédent cabinet, a pour objectif de s’attaquer à la grave crise économique du pays, principale raison au mouvement de contestation.

« Nous avons conscience des principaux problèmes qui doivent être réglés : le pain et le pétrole », a-t-il dit alors qu’il annonçait la liste du gouvernement. Les protestations ont éclaté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

Le pays est en outre confronté à une inflation de près de 70% par an et à un grave déficit en devises étrangères, ainsi qu’à d’autres hausses de prix et des pénuries d’aliments et de carburants.

Le Premier ministre Eila a nommé des vétérans de la politique, Eshaj Adam Jamaa et Magdi Hassan Yassin, respectivement ministres du Pétrole et des Finances.

Les manifestants accusent leur président d’avoir mal géré l’économie alors que celui-ci impute la responsabilité de la crise à Washington. Les États-Unis ont imposé en 1997 au Soudan un embargo économique qui a été finalement levé en 2017, mais sans déboucher sur les bénéfices escomptés.