Au pouvoir depuis 2003, Recep Tayyip Erdogan a, en 15 ans, profondément transformé non seulement le régime politique turc mais également l’économie du pays. Leader charismatique, l’ancien maire d’Istanbul et actuel président de la Turquie a pu assoir son autorité grâce à un referendum élargissant ses pouvoirs et des élections présidentielles et parlementaires en sa faveur. Il règne désormais en Sultan sur la Turquie moderne.
Le miracle économique
Le début des années 2000 marquait une profonde crise économique en Turquie. Engageant des réformes profondes du secteur bancaire, le gouvernement en place s’est rapidement placé sous la tutelle du Fonds monétaire international (FMI). À l’époque, le système bancaire du pays est au bord de la faillite, l’inflation et les taux d’intérêt s’envolent à presque 60%, la monnaie turque, la livre, perd plus du tiers de sa valeur et le PIB plonge de plus de 6%.
Un parti est appelé à rescousse celui de l’AKP sous la présidence de l’ancien maire d’Istanbul, Recep Tayyip Erdoğan. Très populaire pour ses réalisations dans la plus grande ville turc, l’homme devient premier ministre grâce à une majorité confortable au parlement. Fervent musulman, celui qui deviendra plus tard président de la république a mené une politique économique nouvelle. Sortant le pays de la tutelle du FMI pour le hisser parmi les 20 économies les plus puissantes de la planète, depuis 2003.
La popularité de l’homme dépasse rapidement les frontières. Des compagnies étrangères s’installent en masse dans le pays depuis son arrivée au pouvoir. Des secteurs manufacturiers, notamment dans la construction automobile (Volkswagen, Fiat, Hyundai, Renault, etc.) ont été privilégiés, posant ainsi les jalons de l’industrie Turque. Les capitaux étrangers ont fait également leur retour dans le pays et démontre leur intérêt pour le marché turc ainsi que leur confiance pour le régime en place.
Sur un plan statistique, tous les indicateurs sont passés dans le vert. Le chômage est à son plus bas niveau et le PIB enregistre une croissance à deux chiffres. Dans cette foulée, le revenu par habitant a presque doublé, passant de 8789 $ en 2003 à 15 320 $ en 2010. « Enfin, le niveau d’endettement du gouvernement se situe à 47% du PIB, un niveau qui ferait l’envie de presque n’importe quel pays européen » avait constaté l’économiste Khalid Adnane en 2012.
Exemple à suivre
Pendant une bonne décennie, la Turquie a fait figure de modèle aux yeux de nombreux Occidentaux. Un régime modéré, membre de l’OTAN, respectueux des électeurs et assis sur une économie dynamique. Cette position est aujourd’hui très critiquée en Europe qui s’est montré critique quant aux réformes politiques mené par l’homme qui s’est assuré un nouveau mandat à la tête du pays. Nul doute, la popularité de l’homme dérange les gouverneurs de l’Europe qui craignent une Turquie forte aux portes de l’Europe.
L’homme est en effet rassembleur. La majorité des Turcs voient en lui le héros de la Turquie moderne. En effet en voyant leur revenu multiplié par deux en une décennie, les turques ont assisté à d’authentiques réformes libérales du système de santé. Des réformes qui ont permis au plus grand nombre et notamment aux classes moyennes modestes de bénéficier d’une assurance maladie et d’une sécurité sociale qui leur faisait défaut pendant plusieurs années.
Sur le plan de l’infrastructure le pays a lancé « des projets pharaoniques ». Des trains à grande vitesse couvrant une grande partie du pays, des aéroports ont été construits un peu partout dans le pays dont certains sont considérés comme les plus grands au monde. Un projet de creusement d’un canal de près de 40 km, contournant Istanbul par l’Ouest et permettant de lier Mer Noire et Mer de Marmara est également en cours sans oublié la nouvelle voie maritime, doublant le détroit du Bosphore engorgé par les quelques 40 000 navires qui l’empruntent déjà annuellement.