Les citoyens tunisiens sont appelés aux urnes pour désigner un nouveau président.

Le premier tour de l’élection présidentielle tunisienne se déroulera dimanche 15 septembre 2019. Vingt-six candidats seront en lice, dont deux femmes, mais les favoris restent Nabil Karaoui, le candidat antisystème, actuellement en prison dans la banlieue tunisienne, candidat de son parti Qalb Tounès (Au Cœur de la Tunisie), Youssef Chahed, chef du gouvernement, présenté par le bloc Yahya Tounès (Vive la Tunisie) et l’avocat islamiste Abdelfattah Mourou, président par intérim de l’Assemblée nationale et candidat du parti Ennahda (la Renaissance) dont il est le numéro 2 depuis son retour en 2012.  

Parmi les outsiders, l’actuel ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, qui revendique l’héritage du président défunt  Béji Caïd Essebsi. Il en est ainsi de l’avocate Mme Abir Moussi. Ancienne Secrétaire générale adjointe chargée de la femme au Rassemblement Constitutionnel Destourien (dissout) qui se présente comme la continuatrice du régime de Ben Ali et sous le label de son nouveau parti Rassemblement Constitutionnel Libre.

D’après le calendrier électoral tunisien, la présidentielle devrait être organisée après les législatives, jugées plus importantes. Le décès du président Béji Caïd Essebsi a bouleversé cet ordre. Certains observateurs disent que le parti islamiste Ennahda n’aurait présenté de candidat à la présidentielle si celle-ci ne précédait pas les législatives.

Ennahda avait opté depuis 2011 de ne pas assumer directement le pouvoir exécutif et de se focaliser au Parlement. Seulement, le bouleversement du calendrier électoral a fini par faire de la présidentielle une vitrine incontournable pour faire bonne place au parlement.

En outre, la menace que constitue le magnat de l’audiovisuel, le populiste Nabil Karaoui, rapproche les positions de la troïka du système : le chef du gouvernement Youssef Chahed, Abdelfattah Mourou, président par intérim de l’Assemblée nationale et le ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi.

Des droits de l’hommistes n’ont pas manqué d’accuser le Premier ministre Youssef Chahed d’instrumentaliser la justice pour faire arrêter et inculper Nabil Karaoui depuis le 23 août dernier. Une manière de l’envoyer en prison pour l’empêcher de briguer le suffrage des Tunisiens, dimanche 15 septembre 2019. Ce dernier caracolait allégrement à la tête de tous les sondages relatifs à la prochaine présidentielle.

En dépit de son emprisonnement, sa candidature fut validée par l’Instance Suprérieure Indépendante pour les élections (ISIE). Conséquence, c’est sa femme  Salwa Smaoui qui a prononcé le discours d’ouverture de campagne, le 2 septembre dernier. Accusé de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, le favori de la présidentielle risque de passer le jour du scrutin en prison, ce qui pourrait amoindrir ses chances de gagner cette élection ou même de sortir pour le second tour avec un autre candidat.

Dans ce cas de figure, le candidat d’Ennahda Me Mourou pourrait bien accompagner un des 24 autres candidats au deuxième tour. Beaucoup d’analystes pensent que si cela se présentait, le parti islamiste pourrait négocier avec l’autre candidat, afin de lui céder le fauteuil présidentiel et se focaliser, comme d’habitude, sur les élections législatives.

Cependant, en cas de victoire du candidat d’Ennahda ou de Youssef Chahed, il y aura des risques d’une tension post-électorale, née de contestations, justifiées par l’arrestation de Nabil karaoui, que beaucoup trouvent arbitraire. De nombreux observateurs comptent sur la maturité du peuple tunisien, pour éviter le chaos post-électoral.