Le récent doublement du prix du pain et du carburant au Soudan, a déclenché la colère des Soudanais.

Depuis le mercredi 19 décembre 2018, le Soudan est traversé par une vague de manifestations pacifiques, qui virent souvent au drame, du fait de la violence d’une répression barbare que les forces de sécurité exercent à l’encontre des manifestants.

Ces derniers dénoncent la cherté de la vie, suite à la flambée des prix du pain et du carburant, entre autres. Le pouvoir, crie au “complot” pour justifier sa férocité et traite les manifestants d’agents de l’ennemi. De son côté, l’opposition condamne l’attitude cruelle des forces de sécurité et l’impuissance des gouvernants à apporter des solutions idoines.

Le Soudan est dans la tourmente. La dépréciation de la livre soudanaise par rapport au dollar, a fait flamber les prix des denrées de première nécessité et certains produits de grande consommation, notamment le pain, le carburant et le butane gaz.

Depuis jeudi dernier, 19 décembre 2018, des centaines de manifestants sont sortis dans les rues de Khartoum, la capitale. Pris de panique, le pouvoir leur oppose la force et réprime sévèrement les manifestants. Depuis mardi dernier, la protestation s’est propagée à travers 13 des 26 Wilayas que compte le pays.

À Khartoum, des manifestants ont ciblé le Palais de la république pour “demander au président Omar Hassan El Bachir de dégager“, disent les manifestants. Les forces de sécurité auraient eu recours à des tirs de balles réelles et de bombes lacrymogènes pour disperser la foule. Amnesty International parle de 37 morts, alors que le pouvoir ne parle que de 8 morts.

L’ancien premier ministre et opposant historique, Sadek Al-Mahdi, chef du parti Al-Oumma, a dénoncé la répression barbare des manifestants et appelé les autorités à user de pédagogie pour régler la crise. De son côté, M. Idriss Suleiman, un haut responsable du Parti du Congrès populaire, membre de la coalition au pouvoir, parti de feu Cheikh Hassan Abdallah El Tourabi a réclamé hier mercredi, l’ouverture d’une enquête sur la mort de 17 manifestants.

Le chef des renseignements du Soudan, Salah Gosh avait déjà indexé le Mossad israélien comme instigateur des troubles au Soudan. Le président El Bachir, en visite à l’intérieur du pays a repris la rengaine en qualifiant les manifestants “d’agents et de mercenaires manipulés par des ennemis extérieurs“.

Pour rappel, le président El Bachir est arrivé au pouvoir via un coup d’État militaire, perpétré en juin 1989, avec l’appui des Frères musulmans, dirigés, alors par le guide Cheikh Hassan A. El Tourabi. Depuis lors, El Bachir, qui a pu se séparer de la fratrie musulmane, continue de jongler avec de pseudos élections pour se maintenir au pouvoir.

Auparavant, le pétrole du Sud Soudan permettait de masquer les tares d’un régime qui tourne en rond, mais depuis la séparation du Sud Soudan en 2011, le pays d’El Bachir traverse une crise structurelle profonde, liée à une mauvaise gouvernance endémique. La crise s’est aggravée ces derniers jours lorsque le prix du pain et certains produits de première nécessité a été multiplié par trois. Les manifestations qui se sont déclenchées à Khartoum ont fini par se propager dans plusieurs Wilayas, au moment où le régime d’El Bachir semble incapable de relever les défis.

À rappeler que la rébellion au Darfour n’est pas encore complètement éteinte, en dépit de l’accalmie relative qui règne dans la zone. Dans une telle conjoncture, particulièrement difficile, il serait logique de se demander, si la crise de la vie chère ne risque-t-elle pas d’emporter le régime chancelant d’El Bachir, déjà sous le coup d’un mandat d’arrêt, lancé contre lui par la Cour pénale internationale ?