L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) appelle à une nouvelle grève le 20 et 21 février prochain.

L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) s’apprête à jouer un rôle lors des prochaines élections présidentielles en Tunisie. Engagée dans un bras de fer inédit avec le gouvernement tunisien, la puissante centrale syndicale UGTT, n’a toutefois pas encore tranché en interne sur les modalités de cet engagement.

C’est par la voix de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, que l’UGTT a dit souhaiter jouer un rôle dans ces élections. Selon les observateurs, l’UGTT apparaît comme l’une des rares forces d’opposition unies à l’approche des élections.

Le syndicat, qui a participé à la lutte pour l’indépendance, a déjà joué un rôle clé lors de la transition politique post-révolution de 2011, ce qui lui a valu d’obtenir en 2015 un Nobel de la Paix avec les autres acteurs du « dialogue national ». Il a par ailleurs participé à élaborer la feuille de route du gouvernement d’union nationale désigné en août 2016.

Après deux ans et demi au pouvoir, le gouvernement de Youssef Chahed « est très faible », de l’avis de l’UGTT, qui lui reproche de céder aux dictats libéraux du Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier a accordé en 2016 un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans à Tunis, en échange d’un assainissement drastique de ses finances.

Après deux grèves massives en novembre 2018 et le 17 janvier 2019, l’UGTT a appelé à une troisième grève générale, de deux jours cette fois, les 20 et 21 février prochains. Elle réclame des augmentations de salaires pour maintenir le pouvoir d’achat de centaines de milliers de fonctionnaires en dépit de l’inflation à 7,5%, et des garanties contre les privatisations.

Le président Béji Caïd Essebsi, aux relations désormais tendues avec son Premier ministre, s’est abstenu d’apaiser les tensions, soulignant au contraire les échecs gouvernementaux. À ce sujet, le secrétaire général de l’UGTT se défend d’être instrumentalisé par le camp Essebsi pour faire tomber Youssef Chahed, ex-protégé du président qui est en train de fonder un parti concurrent.

Souveraineté économique, pouvoir d’achat, justice fiscale : alors que la classe politique est notamment discréditée pour ne pas avoir répondu aux attentes sociales de la population, l’UGTT incarne des causes qui parlent aux Tunisiens, en dépit de critiques sur sa mainmise syndicale totale dans certains secteurs.