Les Américains sont retournés aux urnes à l’occasion des élections de mi-mandat, pour désigner leurs représentants et une partie des sénateurs.

Les Démocrates ont réussi à gagner la majorité des sièges à la Chambre des Représentants et vont donc imposer une « cohabitation » au président Donald Trump.

Ce dernier a subi une défaite nette et claire mais il n’y a pas eu de raz de marée démocrate et il peut se féliciter de la victoire républicaine au Sénat où son parti gagne des sièges.

Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a encore des résultats en « attente » ; mais la victoire républicaine est incontestable au Sénat. Toutefois, si cela va faciliter les nominations et les confirmations sénatoriales indispensables pour certains postes ministériels ou autres et, surtout pour les éventuels choix de juges à la Cour Suprême, la défaite à la Chambre des Représentants rebat les cartes.

Les Démocrates vont jouer, à plein leur rôle de contre pouvoir face à Trump et ont les moyens de le mettre en difficulté, en appuyant les enquêtes le concernant, sur le plan de ses activités privées, ses relations avec les Russes etc.

Ils ont les mains libres pour lui pourrir la vie et ne vont pas s’en priver. Le procureur spécial Robert Mueller qui enquête sur l’« ingérence russe dans les élections de 2016 » va se sentir renforcer dans son action.

Pour Trump, les deux prochaines années seront dures mais l’homme aime le combat et il a démontré que sa pugnacité et son cynisme absolu peuvent encore payer. En effet, les candidats qu’il a soutenus, et pour lesquels, il a fait campagne, ont gagné. C’est la cas en Géorgie ou, encore en Floride, voire dans l’Ohio.

Malgré sa défaite, Trump renforce son emprise sur le parti républicain. Même si sa rhétorique raciste et anti-immigrés a été sanctionnée lourdement dans les urnes, pour les élections des députés.

Plus inquiétant pour lui, l’arrivée massive de femmes dans le nouveau Congrès et le choix largement majoritaire des jeunes et des « minorités » en faveur des Démocrates. Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus, mais il est absolument clair que les Démocrates ont gagné le vote populaire.

Pour Trump c’est du déjà vu car Hillary Clinton l’avait largement battu au niveau du vote populaire sans l’empêcher de triompher en s’imposant dans des États clés comme la Floride.

Le vote du 6 novembre affaiblit certes le patron de la Maison Blanche mais ne lui coupe pas les ailes. L’homme est encore solidement implanté dans le paysage politique et ses discours racistes, homophobes et misogynes portent dans une certaine partie de l’électorat.

Dorénavant il devra faire face à la révolte des femmes, des jeunes et des minorités.
Un atout majeur pour Trump est l’état de l’économie en plein boom, avec presque le plein emploi et des taux de croissance de plus de 3% (mesurés ces derniers trimestres fiscaux).

Le problème est que, lors des sondages pour les élections, l’économie arrive en deuxième position, en ce qui concerne les préoccupations des citoyens qui placent l’assurance maladie en tête.

Trump qui s’était focalisé sur la « menace de l’immigration » l’a eu tout faux et il doit élaborer une nouvelle stratégie plus efficace pour conserver sa base xénophobe et attirer d’autres citoyens moins marqués par ses diatribes haineuses. En est-il capable ? Peut-il opérer une telle mutation idéologique et politique ? Rien n’est moins sûr !

Comme il n’est pas dit qu’il ne puisse pas gagner un deuxième mandat en restant fidèle à sa démarche populiste et provocatrice. Tout dépendra de la capacité des Démocrates à trouver, très rapidement, un candidat présidentiable qui pourrait rassembler large.

Un nouveau visage rassurant serait l’idéal comme l’ont prouvé toutes ses femmes qui ont battu des républicains dans des circonscriptions électorales partout à travers le pays.

Une nouvelle bataille électorale commence et connaitra son épilogue en 2020. Trump ne pourra plus souffler ; mais il semble aimer cela.  Il a un certain âge et il a intérêt à ménager ses forces.

Il vient de démontrer qu’il pouvait tenir le rythme en faisant des milliers de kilomètres à travers le pays pour soutenir des candidats républicains. Il n’aura plus de répit avec une Chambre des Représentants hostile et des enquêteurs déterminés. C’est aussi cela la politique made in USA.