Un tribunal d’Alger a condamné mardi 28 manifestants, arrêtés en possession d’un drapeau amazigh (berbère), à six mois de prison ferme.

La justice algérienne a condamné 22 manifestants à 12 mois de prison, dont six mois ferme pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». La justice leur reproche d’avoir arboré un drapeau amazigh (berbère) durant les manifestations contre le pouvoir.

L’amazighité, une des composantes de l’identité nationale. Le verdict a considéré comme « lourd, dur et inattendu » par Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Le verdict du tribunal de Sidi Mhamed, dans le centre d’Alger, est tombé à 02H30 (01H30 GMT). Un an de prison dont six mois ferme et six mois de sursis et une amende de 30.000 dinars (environ 230 euros), selon le Comité national de libération des détenus qui l’a annoncé sur sa page Facebook. Selon le Comité, le procès de 20 autres accusés, dont l’un est à l’hôpital, a été reporté au 18 novembre.

Pour Said Salhi, il s’agit du « plus grand procès des détenus d’opinion, porteurs du drapeau amazigh (berbère) », depuis le déclenchement, le 22 février, du mouvement populaire anti-régime en Algérie.

Le Parquet avait requis deux ans de prison, 100.000 dinars d’amende (environ 750 euros) et la confiscation des drapeaux pour l’ensemble des accusés. La défense, composée de près de 70 avocats, a plaidé l’acquittement arguant qu’il « n’existe aucune loi interdisant de brandir un drapeau amazigh et que la Constitution précise que l’amazighité est l’une des composantes de l’identité nationale », selon l’AFP.

Les avocats ont également protesté contre la durée de la procédure « dans une affaire qui n’exige pas quatre mois d’instruction, d’autant que le dossier ne contient que les procès-verbaux d’audition ».

Les premiers accusés avaient été arrêtés le 21 juin 2019, deux jours après que le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, eut ordonné qu’aucun autre drapeau que l’emblème national ne soit brandi dans les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir. Les autres manifestants avaient été arrêtés les semaines suivantes.