Dans une conférence de presse organisée hier, le président Donald Trump a saisi l’occasion pour réaffirmer ses positions inflexibles sur un certain nombre de questions.
D’abord, en ce qui concerne les batailles commerciales qu’il a engagées contre la Chine et le Canada, il persiste et signe : ces deux pays « gagnent trop d’argent sur le dos des USA qui trainent un déficit énorme dans les échanges commerciaux. Cela ne peut plus continuer ». Ainsi présenté, Trump a raison de défendre les intérêts américains et d’exiger de nouveaux accords plus favorables à son pays.
Mais sa fermeté, si elle n’est pas une tactique de négociation, pourrait être contreproductive si les partenaires se raidissent. Trump a aussi fait remarquer qu’il a fait comprendre aux autorités sud-coréennes et japonaises qu’elles doivent payer pour leur sécurité assurée, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale par des dizaines de milliers de soldats américains stationnés dans les deux pays.
Il a affirmé avoir reçu une réponse positive de ses partenaires qui ont considéré sa requête comme relevant du bon sens. Il a encore fustigé l’Iran pour ses actions déstabilisatrices et se dit ouvert à des discussions avec la République Islamique. Mais, avec ses diatribes, il est peu probables que les Iraniens répondent à ses appels du pied.
Dans le fond Trump relaie les préoccupations de nombreux pays du Proche et Moyen-Orient qui se plaignent des soutiens de Téhéran envers le Hezbollah au Liban, les Houtis au Yémen, les pro-Assad en Syrie etc. À juste raison car les menaces sont réelles et l’attitude iranienne peu propice à un climat de paix. Cependant Trump élude le retrait brutal de l’accord sur le nucléaire iranien qui est un pas positif sur le chemin de la paix.
Il s’est réjoui du départ d’Iran de nombreuses sociétés européennes qui ont « choisi de continuer leurs échanges avec les USA ». Avaient-elles le choix ? Le marché américain de plus de trois cents millions de personnes aux revenus importants n’est pas comparable à celui de l’Iran qui fait moins du tiers. Il s’y ajoute ce qu’il faut bien appeler « le chantage au dollar », monnaie indispensable dans les transactions internationales.
Du reste Trump n’a pas évoqué la rebuffade des européens qui envisagent de faire du troc avec l’Iran pour contourner les sanctions américaines. D’une certaine façon, c’est un acte désespéré.
Toutefois c’est sur la question de la résolution du conflit israélo-palestinien que Trump s’est montré peu convaincant : « s’il y a une solution à deux États, cela me va ; s’il y a une solution avec un seul État, cela me va aussi. Mais je pense que l’on arrivera à une solution à deux États ».
Il remet en cause une position de l’État américain que tous ces prédécesseurs avaient soutenue. Il s’est encore félicité du transfert de l’ambassade des USA à Jérusalem qui a suscité beaucoup de violence et se révèle sans pertinence diplomatique. Évidemment Trump voulait faire plaisir à une partie de son électorat.
Au total cette conférence de presse a permis à Trump de montrer qu’il restait droit dans ses bottes, plus déterminé que jamais à imposer une épreuve de force à tous, adversaires et partenaires compris.
En toute logique politique, il a raison car les « États n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts ». Mais tout puissant que sont les USA, ils n’ont pas les moyens de plier tout le monde à leur volonté.
L’attitude de Trump devrait réveiller l’Europe pour qu’elle songe à prendre en charge sa défense et puisse parler d’une seule voix sur la scène internationale. Bruxelles n’est malheureusement pas un numéro de téléphone. Il est le creuset d’intérêts et de positions idéologiques souvent divergents.
Des gouvernements comme ceux de la Hongrie, de l’Autriche et de l’Italie suivent l’exemple de Trump en matière de politique migratoire, notamment. La Chine fait cavalier seul mais elle en a les moyens, jusqu’à un certain point. L’Afrique a intérêt à renforcer son unité et à diversifier ses partenariats, comme elle fait déjà.
Trump a le droit d’orienter l’aide américaine vers les pays amis des USA. Même si la meilleure façon de se faire des amis n’est pas de les insulter et de les traiter de « pays de merde ».