Face au marasme social, le président El-Béchir, dont le peuple demande « la tête », ne semble pas en mesure d’infléchir la tendance.

Des centaines de manifestants ont été empêchés de marcher vers la présidence par la police jeudi. Cette dernière a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser, lors d’une nouvelle journée de rassemblements au Soudan contre le chef de l’État, Omar El-Béchir.

Le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par un mouvement de contestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Les manifestations ont fait l’objet d’une répression gouvernementale condamnée à l’international, notamment par les États-Unis, qui ont averti le Soudan que cela pourrait entraver la reprise de leurs relations diplomatiques.

Selon de nombreux observateurs, le mouvement, qui a fait tâche d’huile dans le pays, est devenu le plus grand défi posé au président depuis son arrivée par un coup d’État soutenu par les islamistes en 1989.

Les bilans officiels évoquent 26 morts des suites de ces contestations, dont deux membres des forces de sécurité. Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont évoqué 40 morts dont des enfants et du personnel médical, accusant les forces de l’ordre d’en être responsables.

L’Association des professionnels soudanais, qui mène la contestation, a fait monter la pression sur le président El-Béchir en appelant à manifester dans tout le pays jeudi, notamment à Khartoum et dans la ville voisine d’Omdourman, où des rassemblements ont lieu quasi quotidiennement.

Le président soudanais, Omar El-Béchir, 75 ans, a refusé de démissionner et a imputé les violences liées à la contestation à des « conspirateurs ». Pour le président soudanais, les États-Unis sont à l’origine des difficultés économiques en raison d’un sévère embargo, imposé pendant 20 ans (1997-2017), qui interdisait au Soudan de mener des activités commerciales et des transactions financières à l’international. Au-delà de la baisse des subventions du pain, le Soudan, amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, fait face à un grave déficit en devises étrangères.

Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d’aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte inflation.