Le président mauritanien Ould Aziz et son cousin Mohamed Ould Bouamatou.

La levée des « notices rouges » d’Interpol concernant l’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou révèle, au grand jour, le duel fratricide qui oppose le président Ould Aziz et son cousin, ancien financier devenu opposant irréductible.

C’est un drame shakespearien qui déchire « une famille au pouvoir ». Au début le riche Bouamatou a soutenu son cousin Aziz dans sa conquête de l’Exécutif et le « duo » a relevé le défi, haut la main.

Mais, très rapidement, après l’avènement de Aziz en 2009, Bouamatou est contraint de s’exiler au Maroc où il a délocalisé ses affaires. Le conflit avec le nouveau président n’a cessé de gonfler, comme on dit. Le soutien de Bouamatou à l’opposition mauritanienne y est certainement pour beaucoup et, l’homme d’affaires ne s’en cache pas.

Un point de non retour a été atteint avec le référendum constitutionnel organisé en 2017 pour la suppression du sénat : Bouamatou aurait aidé des sénateurs frondeurs qui se sont opposés vigoureusement au président Aziz.

Vainqueur de l’épreuve de force politique, Aziz a puni son cousin dont de nombreux biens ont été saisis et/ou confisqués. Ses affaires en ont pâti et, tout cela a élargi le fossé entre les deux ex-partenaires.

Tête d’affiche du coup d’état du 6 août 2008, Aziz a dirigé le Haut Conseil d’État avant d’être élu président de la République en 2009. Il est réélu en 2014 et n’est pas autorisé, par la Constitution, à briguer un troisième mandat. Jusqu’ici il n’en manifeste pas l’intention et semble déterminé à quitter le pouvoir à la fin de son mandat.

Mais la lutte contre Bouamatou pourrait avoir des incidences sur ce scénario. En effet, une fois redevenu citoyen ordinaire, Aziz pourrait se retrouver face à son cousin qui a les moyens de lui « créer des problèmes ».  Cette perspective va-t-elle faire changer d’avis le Général-Président ?

En tout cas la « levée des notices rouges » d’Interpol pose problème à Nouakchott qui maintient son mandat d’arrêt international contre Bouamatou . Comment, dans ce nouveau cas de figure où Interpol n’est plus coopératif, attendre que les États étrangers agissent dans le sens souhaité par les autorités mauritaniennes ?

Bouamatou, désormais libre de ses mouvements, sera de plus en plus redoutable dans sa lutte contre son cousin. Les deux hommes s’accusent mutuellement de lâchage ce qui rend, a priori, difficile, les éventuelles tentatives de réconciliation.

Mais ne dit-on pas que « le linge sale se lave en famille ». Affaire à suivre.