Depuis sa réélection le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, garde le silence jusqu’à l’annonce officielle du Conseil constitutionnel.

Président de la République en fonction, Macky Sall observe un silence assourdissant que lui impose son statut de gardien des Institutions. Il ne prendra la parole, en public, qu’après l’annonce officielle des résultats de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel, seule institution habilitée à le faire.

En attendant, il continue de faire son travail de président, avec la discrétion qui lui est coutumière, en laissant le champ libre aux « drogués des médias » de l’opposition et de son camp.

Ainsi, depuis la publication des résultats officiels provisoires par la commission nationale de recensement des votes, les sorties médiatiques les plus tonitruantes se succèdent.

Ce week-end, l’incorrigible Moustapha Cissé Lô, premier vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Assemblée de la CEDEAO a défrayé la chronique en s’attribuant la victoire acquise à la cité nouvelle de Yoff (à Dakar) et en affirmant que la « défaite de BBY à Touba est dû au fait qu’il avait été écarté de cette ville qui serait son fief ».

Ces déclarations sont fausses car, l’homme avait été forcé de quitter Touba où ses frasques lui avaient valu des démêlées avec des personnalités de la localité. Sa maison avait été brûlée et ses biens saccagés. L’affaire avait fini entre les mains de la justice. Cette sortie de la ville sainte n’autorise pas à y revendiquer une influence telle qu’elle pourrait changer la donne électorale.

Au contraire, l’immense majorité des analystes estime que sa présence sur les lieux et ses propos inconsidérés ont causé beaucoup de tort à BBY, non seulement à Touba, mais dans tout le pays notamment en Casamance où ses attaques outrancières contre Sonko, à la veille de la présidentielle, ont eu des conséquences négatives pour la coalition présidentielle. Il s’était d’ailleurs excusé, mais le mal avait été déjà fait. Ce week-end, il a encore perdu une bonne occasion de se taire.

La mairesse de Podor, Aissata Tall Sall qui a rallié le président Macky Sall pour la présidentielle, a aussi tenu des propos qui font débat. En effet, elle a annoncé sa candidature pour la présidentielle de…2024. Faut-il rappeler qu’elle a été recalée pour celle qui vient de se dérouler, faute de parrainages suffisants.

Son annonce est, pour le moins, prématurée car, d’ici 2024, seul Dieu sait ce qui va passer. Pourquoi cherche-t-elle à attirer l’attention ainsi ? Pour prendre les devants ? Installer le pays dans une nouvelle campagne électorale ?

C’est la seule conclusion qui s’impose, dans la mesure où elle préconise aussi la « dissolution de l’Assemblée nationale…pour harmoniser le calendrier électoral ». Quid du sacrifice de sa majorité, plus que confortable, que cela entrainerait pour le président élu ? Et du risque de ne pas la retrouver ? Quelle mouche a piqué Aissata Tall Sall ? Elle cherche, manifestement, à faire le buzz, et maladroitement.

Sa sortie met mal à l’aise, dans un contexte d’attente des résultats officiels. L’avocate qu’elle est, aurait dû prendre le pas sur la femme politique pressée. Mais, face aux médias les dérapages sont souvent inévitables pour qui ne prépare pas rigoureusement ses interventions.

Pour Macky Sall, le moment est au travail et à la réflexion pour, une fois les résultats de la commission nationale de recensement des votes confirmés, préparer la passation de pouvoir avec…Sall Macky, c’est à dire lui-même.

Pendant cette période si particulière, le silence est, plus que jamais, d’or.