Pour la première fois depuis 1987, les Togolais sont appelés à voter dimanche pour des élections municipales.

Le Togo organise dimanche ses premières élections municipales en 32 ans. L’opposition, qui a boycotté les dernières législatives, espère remporter des mairies.

Les électeurs du Togo sont appelés à élire 1.527 conseillers municipaux pour les 117 communes que compte le pays (près de 8 millions d’habitants). « Le pouvoir a toujours refusé d’organiser les élections locales. Aujourd’hui, avec la pression de la communauté internationale, il se résout à les organiser », explique Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), cité par l’AFP. L’ANC est l’un des principaux partis de l’opposition.

Pour rappel, le Togo est présidé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, dont le père, le général Eyadéma Gnassingbé, avait dirigé ce petit pays d’Afrique de l’Ouest d’une main de fer pendant 38 ans

Les 45 derniers conseillers municipaux avaient été élus en 1987 pour un mandat de cinq ans dans cinq arrondissements. Selon les observateurs, les élections n’ont pu se tenir en 1992 en raison des crises politiques successives et sont donc restés en poste jusqu’en 2001 et la mise en place à cette date de « délégations spéciales » composées de personnalités désignées par le pouvoir.

La gestion des communes par ces délégations spéciales est critiquée par bon nombre de Togolais. L’opposition espère remporter plusieurs mairies de la capitale Lomé et de rivaliser avec le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), dans le centre.

La campagne électorale, débutée le 14 juin et qui s’achève vendredi, s’est déroulée sans incident majeur. La majorité des partis d’opposition, qui avaient boycotté les législatives de 2018, ont présenté des listes aux élections locales. Mais deux d’entre eux ont refusé: le Parti national panafricain (PNP), un parti important à l’origine de récentes manifestations contre le régime, dont le leader Tikpi Atchadam vit en exil, et le plus petit Parti des Togolais

Le PNP exige la libération de ses militants dont trois responsables écroués depuis mi-avril à la suite des manifestations. Le PNP faisait parti de la coalition formée à l’été 2017. Des dizaines de milliers de personnes avaient ensuite déferlé dans les rues de Lomé et d’autres villes pour demander, notamment, la démission de Faure Gnassingbé.

Cette mobilisation exceptionnelle a cependant perdu en intensité au fil des mois, et aujourd’hui, plusieurs autres partis ont claqué la porte de la coalition et vont en ordre dispersé aux élections locales.

Les forces armées et de sécurité votent vendredi afin de pouvoir être déployées dans le pays dimanche – environ 8.000 gendarmes et policiers seront alors mobilisés.