Ce samedi à Dakar, s’est tenue une manifestation pacifique en soutien au peuple de la Palestine victime de massacres. Prenant part à cette rencontre, le premier Ministre du Sénégal Ousmane Sonko, a réaffirmé la position du Gouvernement dans ce conflit. Il s’agit véritablement d’une initiative forte saluée par l’ensemble des organisateurs de cette manifestation. Le chef du gouvernement est resté fidèle aux engagements du Sénégal dans ce conflit, depuis plusieurs années. Il fallait dénoncer ce génocide et ces crimes contre l’humanité commis à Gaza. Et Sonko l’a bien fait à la hauteur de la barbarie des crimes. Seulement, il devrait juste étouffer son populisme débridé en pensant aux scènes d’horreur contre ces enfants et ces femmes palestiniennes.
Toutefois, il a manqué de prudence dans l’appréciation des positions des pays arabes dans ce conflit. Monsieur Sonko semble en vouloir aux Etats arabes qui ont une coopération avec Israël. En wolof (langue locale), il a tenu des propos acerbes contre les pays arabes qui, selon lui, brillent par leur manque de soutien en faveur de la Palestine.
Il faut dire que c’est la première fois, que Sonko affiche un soutien public à la Palestine. Même étant dans l’opposition, il n’avait pas pris position de manière aussi ferme et ouverte. En tant que chef du Gouvernement, ne devrait-il pas convoquer l’ambassadeur d’Israël à travers son ministre des Affaires Etrangères, pour lui notifier la suspension des relations diplomatiques ?
Le premier Ministre sénégalais a protesté contre les pays arabes qui, à son avis, investissent dans des secteurs, de moindre importance (hôtel, football), sans accompagner le peuple palestinien. « Ils (pays arabes) préfèrent investir l’argent des musulmans dans l’organisation de coupe du monde, dans les hôtels et les banques » a-t-il dit.
En tenant ces critiques, Monsieur Sonko vise le Qatar qui a organisé la coupe du monde de football en 2022, le Maroc qui va organiser la compétition en 2030 et l’Arabie Saudite qui a déposé son dossier pour organiser l’évènement planétaire en 2034.
Le premier Ministre sénégalais semble dénoncer les investissements effectués par le Qatar en France, (achat du club PSG), les hôtels, les banques etc… D’ailleurs, l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, s’était engagé, en France à investir 10 milliards d’euros dans l’économie hexagonale à l’horizon 2030. Il faut rappeler que la France est la deuxième destination européenne des investissements du Qatar après le Royaume-Uni, avec des actifs de plus de 25 milliards d’euros (26,7 milliards de dollars), selon une étude. Ce pays du Golfe possède 42 entreprises en France par le biais de participations directes ou de sociétés gérées pour la plupart par le fonds souverain Qatar Investment Authority, révèle une étude menée par Qadran, le cercle économique franco-qatari, avec HEC Junior Conseil sur l’évolution des relations économiques franco-qataries et leur diversification.
Par ailleurs, les pays arabes ont décidé depuis quelques années, de normaliser leurs relations avec Israël malgré le conflit palestinien. Par exemple, la Turquie a été le premier État musulman à établir des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Rien qu’en 2020, la valeur des exportations turques vers l’Israël, a atteint 5,7 milliards de dollars.
S’en suivent les Émirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Tel-Aviv dans le cadre des accords d’Abraham négociés par les États-Unis en 2020. L’objectif était de stimuler le commerce mutuel à 10 milliards de dollars par an. Les exportations de l’EAU étaient évaluées à 1,89 milliards de dollars en 2022.
L’Égypte a développé des relations commerciales avec l’Israël portant sur des produits chimiques, les matériaux de construction, les produits alimentaires et les plastiques. On peut également citer l’Algérie dont le volume d’exportation vers l’Israël est estimé à 21,38 millions de dollars en 2022. Sans oublier le Maroc avec des exportations vers Israël s’élevant à 17,92 millions de dollars en 2022. Disons que Rabat a repris ses relations diplomatiques et commerciales avec Israël dans le cadre des accords de 2020.
Le premier Ministre sénégalais qui n’a pas osé franchir le Rubicon en rompant les relations diplomatiques entre le Sénégal et Israël, s’en prend aux pays arabes, pourtant libres de leurs choix diplomatiques.