Plusieurs tueries ont ensanglanté ces dernières semaines la région centrale du Mali impliquant des communautés devenues opposées d’agriculteurs et d’éleveurs. Selon des observateurs, il ne s’agirait pas d’incidents sporadiques mais de massacres perpétrés par des milices armées, causant des centaines de victimes civiles.
Les massacres de civils perpétrés par des milices dans le centre et le nord du Mali sont en train de devenir incontrôlables, alerte Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités doivent agir rapidement et efficacement contre les milices si elles veulent mettre un terme aux cycles de meurtres et de représailles », souligne Dufka à l’AFP.
Plus de 500 personnes selon l’ONU, dont de nombreux civils, ont ainsi péri depuis le début de l’année dans cette région. Plus de 75 pour cette seule semaine de décembre.
Des témoignages recueillis par l’ONG Human Rights Watch témoignent de la violence de ces massacres. Le dernier incident en date remonte au 12 décembre dernier dans la région de Bankass, non loin de Mopti (centre-Mali). Des hommes armés de la milice dogon Dan Na Ambassagou interceptent près de la localité de Gari un véhicule transportant une soixantaine d’hommes. Ces derniers fuient leur village, Mora, dans la crainte d’une attaque.
La suite est rapportée par un témoin cité par Human Rights Watch : « Ils ont ordonné à notre chauffeur de sortir, puis l’un d’entre eux a pris sa place et nous a conduits dans une grande base remplie de miliciens. Ils ont dit qu’ils allaient tuer tous les hommes. Ils leur ont ordonné de sortir un à un, puis les ont exécutés sur place avec des armes militaires. Plus tard, ils ont chargé leurs corps à bord d’un tricycle motorisé et sont partis avec. Ils nous ont gardés pendant trois jours, 30 femmes et 20 enfants. »
Une semaine plus tôt, les mêmes miliciens avaient tué une quinzaine de civils peuls non loin de là. Représailles, semble-t-il, au meurtre de l’un des leurs. Après l’avoir encerclé, un groupe de Da Na Ambassagou investit le village de Lessagou-Peuh. « Ils étaient partout ; ils ont juste commencé à tuer ; les femmes n’ont pas été épargnées », a relaté un témoin à HRW.
Plus au nord, dans la région frontalière du Niger de Menaka, une tuerie plus grave encore s’est aussi déroulée le 12 décembre. Les assaillants sont cette fois des Peuls soutenus, selon certaines sources citées par l’AFP, par l’État Islamique dans le Grand Sahara. « Vers six ou sept heures du matin, rapporte un autre témoin de HRW, deux des trois groupes de Peuls armés, arborant des armes militaires et se déplaçant à moto, ont attaqué deux camps nomades touaregs – Tassalatine et Wakassa – séparés de quelques centaines de mètres seulement. Ils ne s’en sont pas pris aux femmes, mais ont tué tous les hommes qu’ils ont trouvés. C’était une attaque rapide, la tuerie a été perpétrée en moins d’une heure ». Bilan : jusqu’à 47 tués – le nombre exact reste incertain -, de 10 à 80 ans.