Un ancien préfet rwandais renvoyé aux assises en France.

Après un ancien chauffeur et un médecin, l’ex-préfet rwandais Laurent Bucyibaruta, accusé d’être impliqué dans les massacres de masse commis en 1994, est à son tour renvoyé devant les assises de Paris.

Le juge d’instruction français Alexandre Baillon avait ordonné un procès aux assises pour ce fonctionnaire de la province de Gikongoro (sud), une des régions de ce pays d’Afrique où les massacres contre les Tutsi furent les plus violents.

Dans son ordonnance, le juge du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de Paris estime en particulier que l’ancien préfet s’est « rendu complice d’une pratique massive et systématique d’exécutions sommaires », écrit l’AFP.

Cet homme né en 1944, réfugié depuis 1997 en France où il est placé sous contrôle judiciaire, est soupçonné de s’être rendu complice d’actes de génocide et de crimes contre l’humanité entre avril et juillet 1994, période pendant laquelle les tueries ont fait environ 800.000 morts au Rwanda. Cet ancien haut-responsable était visé depuis 2000 par une plainte déposée par les associations Survie et FIDH et des familles des victimes.

Il avait été un temps réclamé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui l’accusait d’avoir ordonné aux Interahamwe (extrémistes hutu) qui étaient sous ses ordres de commettre plusieurs massacres contre les Tutsi.

Le TPIR s’était finalement dessaisi au profit des juridictions françaises. Mais en 2013, il s’était dit préoccupé par la lenteur de celles-ci dans le traitement de cette affaire.

Quelque 25 dossiers liés au génocide rwandais sont instruits au pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris, créé en 2012 face à l’accumulation des plaintes, plusieurs auteurs présumés s’étant réfugiés en France.

À ce jour, leur travail a débouché sur deux grands procès : celui de Pascal Simbikangwa, condamné définitivement à 25 ans de prison pour génocide, et celui de deux anciens maires rwandais, dont la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité a été confirmée en appel en juillet.

En novembre 2017, la justice française a ordonné un troisième procès aux assises, visant cette fois Claude Muhayimana, un Franco-Rwandais accusé de « complicité » de génocide pour avoir transporté des miliciens auteurs de massacres. La cour d’appel de Paris doit confirmer ou pas ce renvoi fin mars.