Le président Donald Trump doit être soulagé de s’éloigner de Washington pour onze jours de tournée en Asie. En effet l’enquête sur les ingérences russes dans la campagne électorale de 2016 commencent sérieusement à se rapprocher de lui avec des inculpations et des aveux notamment de Papadopoulos qui avait travaillé dans son « cercle restreint » pendant sa conquête de la présidence. Ce dernier a avoué publiquement avoir menti au FBI et avoir rencontré des russes et des personnalités qui leur sont liées et qui avaient des « informations sales » contre Hillary Clinton.

Le plus grand danger pour Trump est que Papadopoulos a commencé à collaborer avec le procureur spécial chargé de l’enquête, Muller. Alors donc que cela commence à sentir le roussi, Trump entame sa première visite dans les pays naguère membres de l’ex-Traité Transpacifique qu’il a rejeté. Pour lui, comme il le répète c’est « America first » ; il ne s’étonnera pas donc que ses hôtes mettent leurs propres intérêts en avant.

Il y a aussi ses anciennes prises de position contre ses alliés comme le Japon et la Corée du Sud à qui il demandait de se protéger eux-mêmes de la menace que constitue la Corée du Nord. Depuis il a changé de discours avec les actes belliqueux de Pyong Yang qui terrorise ses voisins. Mais Trump ne rassure personne avec ses changements de positions et ses décisions incohérentes. Que va-t-il bien pouvoir dire à ses hôtes pour reconstruire le mur de confiance bâti depuis la fin de la seconde guerre mondiale et de la guerre de Corée qu’il a sérieusement lézardé ?

L’homme est capable de retournements les plus spectaculaires et même de reculades. Son voyage en Arabie Saoudite en avait donné une illustration sidérante. Il est vrai que les Saoudiens avaient sorti le chéquier et ne s’étaient pas gênés pour faire danser leur hôte qui depuis s’aligne sur leur position politique dans cette partie du monde. Mais prudents les Saoudiens sont aussi allés voir du côté russe avec un voyage inédit de leur souverain à Moscou.

En Asie pacifique les enjeux sont colossaux sur les plans économiques, militaires et géopolitiques. Ces pays sont parmi les plus peuplés du monde et dont les économies constituent à la fois un marché exceptionnel et une menace pour les Etats-Unis. Le Traité Trans-pacifique prenait en compte ces aspects complexes pour défendre les intérêts des partenaires. Trump l’a fait voler en éclats par démagogie idéologique. À lui de proposer autre chose d’acceptable pour les pays concernés. Autrement ce sera la guerre économique qui fera souffrir le monde entier.

La vérité est que ce sont les Etats-Unis qui sont en position de faiblesse notamment vis à vis de la Chine à qui ils doivent des sommes d’argent inimaginables. Mais cette situation paradoxale rend impossible toute rupture entre les deux pays dans un futur proche. Sauf à vouloir se déclarer la guerre totale. Ce qui n’est dans l’intérêt de personne. Trump va donc faire face à la réalité asiatique dans toute sa complexité pour un géant américain toujours puissant mais non omnipotent.

Ne pouvant faire ni dans la nuance ni dans la finesse le successeur de Obama a intérêt à mesurer ses mots et à surveiller ses arrières à Washington. Si par extraordinaire il réussissait à amadouer ses hôtes ; il gagnerait un peu de répit. En attendant que l’intraitable Muller ne sorte une autre carte de sa manche dans son jeu contre celui qui se croit l’homme le plus fort du monde et qui est de plus en plus ébranlé.