Le Premier ministre français, François Bayrou, a exprimé mardi son refus de faire de l’islam un thème central du débat public, dénonçant une « surenchère » autour de cette question au sein même de la majorité présidentielle.

« Je n’ai pas envie de faire de l’islam un sujet de fixation de la société française. Je sais que c’est la mode, que cela peut avoir du succès dans certains cercles, mais nous devons apprendre à vivre ensemble », a déclaré le chef du gouvernement sur BFMTV/RMC, en réponse à une série de prises de position au sein de son propre camp.

Une mise en garde contre les tensions communautaires

François Bayrou a pointé du doigt un climat de surenchère verbale qu’il juge néfaste : « Il ne faut pas perpétuellement se livrer à des surenchères qui dressent les Français les uns contre les autres. Et Dieu sait que, ces temps-ci, les ondes sont saturées de ce genre de discours. »

Le Premier ministre a notamment critiqué la proposition de Gabriel Attal, président du parti Renaissance et ancien Premier ministre, d’interdire le port du voile pour les filles de moins de quinze ans. Une idée qu’il juge à la fois imprécise et difficile à appliquer : « Comment fait-on ? Cela signifie-t-il que des policiers devront demander une carte d’identité à une jeune fille dans la rue ? »

Appel à un vivre-ensemble apaisé

François Bayrou a insisté sur l’importance de traiter ces sujets avec prudence, pour éviter de nourrir les tensions : « Sur des sujets d’irritation et de montée des crispations, je ne crois pas que ce soit par ce type de propositions qu’on parviendra à renforcer la cohésion nationale. »

Le chef du gouvernement a rappelé la diversité religieuse en France : « Les athées, les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes… nous allons devoir vivre ensemble. »

Un débat récurrent dans une République laïque

La question de la place de l’islam dans la société française reste un sujet sensible. La population de tradition ou de confession musulmane représente aujourd’hui près de 9 % de la population, contre une part bien plus faible à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte, les débats sur les signes religieux, notamment le voile, ressurgissent régulièrement.

La loi française interdit depuis 1905 toute manifestation ostentatoire de religion dans les institutions publiques. Le port du voile est proscrit pour les agents de l’État, et également pour les élèves à l’école. Mais des cas concrets, comme le port du hijab dans le sport ou certaines contestations de contenus scolaires, viennent régulièrement relancer la polémique.