Le sort en est jeté : Kamara Harris sera la co-listière de Joe Biden pour l’élection présidentielle du 3 novembre. Le ticket démocrate fera donc face à Donald Trump et Mike Pence. Sauf retournement de situation spectaculaire !
Le candidat démocrate s’était engagé à choisir une femme et il a tenu parole avec le choix porté sur Kamala Harris, première femme africaine américaine élue sénatrice de la Californie et première femme noire élue procureure générale du même État, auparavant.
Réalisera-t-elle la passe de trois pour devenir la première femme élue vice-présidente des USA ? Il est trop tôt pour répondre car même si Biden est en tête de tous les sondages, l’affaire n’est pas encore pliée. Loin de là ! Kamala Harris a tous les atouts pour occuper le poste de vice-président :elle a le background universitaire, l’expérience professionnelle et la carrière politique.
Elle sait assumer ses choix et a montré un caractère bien trempé, notamment dans les primaires démocrates pendant lesquelles elle a eu à attaquer rudement Joe Biden. Ce dernier ne lui en a pas voulu, et, peut-être même a apprécié cette pugnacité, au point de se jeter son dévolu sur cette femme de poigne.
Mais Harris a aussi des points faibles que les partisans de Trump vont exploiter, à commencer par le locataire de la Maison Blanche lui-même qui a mis en exergue, dès l’annonce de la nomination de Harris, les violentes critiques qu’elle avait adressées à Biden pendant les primaires. Il en a ajouté une couche en les qualifiant « d’irrespectueuses ».
Il faut s’attendre très rapidement à des spots publicitaires républicains reprenant les critiques de Kamala Harris contre Biden. Toutefois les démocrates pourraient, à leur tour reprendre ces attaques contre Trump qui ne souffre pas la moindre contradiction et qui ne veut s’entourer que de béni-oui-oui.
Trump refuse toute critique et s’enferme dans un culte du moi dangereux pour un chef de l’exécutif surtout lorsqu’il est rattrapé par l’âge. Comme Trump et Biden, tous deux septuagénaires ! Biden avait annoncé qu’il voulait une vice-présidente compétente, capable de prendre la relève, en cas de nécessité.
Kamala Harris est une personne qui a la formation et l’expérience politique pour remplacer le président au pied levé, en cas de besoin. En réalité, dans ce cas de figure, comme l’histoire l’a démontré avec Harry Truman, par exemple, c’est un peu comme si « la fonction créait l’homme ».
C’est simpliste de dire que : ”pour être un bon président ou un mauvais d’ailleurs, il faut d’abord être président”. La question de compétence ne se pose pas pour Harris. De nombreuses autres vont se poser et les Républicains ne vont reculer devant rien pour l’attaquer. Elle en a vu d’autre pour avoir mené plusieurs campagnes victorieuses en tant que candidat au poste de procureure générale et de sénatrice de Californie.
Cette fois, elle à une marche du sommet absolu et va devoir se préparer au pire, surtout face à Trump qui n’a aucun respect vis à vis de ses adversaires. Certes la procédure de « recrutement du vice-président » est presque inquisitoriale et ne laisse rien dans l’ombre. Mais ,tout dépendra des angles d’attaque choisis par les pro-Trump qui peuvent être d’une brutalité absolue, et aussi raciste.
Ce débat ne sera pas occulté car Trump fera feu de tout bois pour discréditer son rival Joe Biden. Harris qui est marié à un Blanc pourrait avoir un défenseur en cas de besoin. Cette « situation » est aussi un atout, comme le fait que Obama soit « métisse » le fût aussi pour conquérir un certain électorat blanc encore perclus de préjugés.
Tout cela permet de comprendre que les enjeux politiques dépassent les personnes de Biden et Harris qui, si elles réussissent, vont écrire une nouvelle page de l’histoire américaine. Il faut avoir l’esprit qu’aucune femme n’a jamais été élue vice-présidente.
Si la première était africaine-américaine, quel bond de géant ce serait dans l’évolution de la société américaine vers plus de justice raciale et de justice tout court envers les femmes et les différentes minorités.
Le pays est-il prêt à un tel saut historique. Au vu de la « révolution sociale » déclenchée par la mort de George Floyd, on est tenté de répondre par l’affirmative. En attendant le verdict des urnes.