Un début de mandat placé sous le signe de la paix

En l’espace de cent jours, Donald Trump a surpris la communauté internationale en multipliant les initiatives de paix aux quatre coins du globe. Lui qui se présente volontiers comme un « faiseur de paix » nourrit ouvertement l’espoir d’obtenir le Nobel de la paix – un rêve déjà exaucé pour Barack Obama en 2009. Mais loin de se contenter de paroles, M. Trump affiche un bilan d’actions concrètes en ce début de mandat, au point que la question de lui décerner le prestigieux prix dès maintenant se pose sérieusement. Dans un contexte mondial troublé, ses interventions décisives en Afrique, en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Europe orientale ont fait émerger des avancées diplomatiques tangibles. L’heure est à l’analyse de ces faits, qui, sans verser dans l’éloge facile, dessinent le portrait d’un dirigeant ayant placé la recherche de la paix au cœur de son action.

 

Désamorçage d’un conflit historique en Afrique centrale

Première illustration du tournant diplomatique amorcé par Donald Trump : son rôle déterminant dans l’apaisement des tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Ces deux pays voisins sont empêtrés depuis des décennies dans un conflit alimenté par les rébellions actives dans l’est de la RDC et les ingérences régionales. Or, sous l’impulsion de Washington, Kinshasa et Kigali ont récemment franchi un pas inédit vers la paix. Début mai, leurs gouvernements ont soumis un projet d’accord de paix commun, dans le cadre d’un processus de négociation parrainé par les États-Unis. D’après Massad Boulos, conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique, il s’agit d’une avancée significative, « une étape importante vers la paix » entre les deux nations.

Cette percée diplomatique ne doit rien au hasard. Le président Trump a déployé une approche pragmatique, combinant pressions diplomatiques et incitations économiques. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a réuni en avril les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais lors d’une cérémonie à Washington, les engageant à formaliser un plan de paix. En parallèle, la Maison-Blanche a proposé un vaste partenariat économique : des investissements occidentaux massifs dans les riches gisements miniers de la RDC en échange d’un engagement à mettre fin aux hostilités. Autrement dit, la paix serait assortie de retombées concrètes pour les populations, grâce au développement minier et infrastructurel. Une telle stratégie du « donnant-donnant » – la stabilité contre la prospérité partagée – porte la marque de fabrique de Donald Trump. Elle rappelle que pour ce négociateur-né, les solutions gagnant-gagnant peuvent résoudre des conflits considérés jusque-là comme insolubles.

Les efforts de M. Trump en Afrique centrale commencent déjà à produire leurs effets. Le climat entre la RDC et le Rwanda s’est amélioré depuis le début de l’année, et l’escalade militaire semble enrayée. Certes, des défis subsistent – notamment la présence de la rébellion du M23 dans l’est congolais – mais un cap vers la paix est désormais fixé. Si l’accord final se concrétise dans les prochains mois, sous l’égide directe de la Maison-Blanche, Donald Trump pourra se prévaloir d’avoir mis un terme à l’un des conflits les plus meurtriers du continent africain. Un tel accomplissement, rare pour un président américain en exercice, le placerait de facto parmi les artisans de paix dignes du Nobel.

 

Détente inespérée entre l’Inde et le Pakistan

Autre théâtre, autre réussite diplomatique : la désescalade spectaculaire des tensions entre l’Inde et le Pakistan. Quand Donald Trump a repris ses fonctions, les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud étaient au bord de l’affrontement direct. Un grave incident au Cachemire – l’attaque terroriste de Pahalgam fin avril, suivie de raids aériens indiens et de tirs de missiles de part et d’autre – avait ravivé le spectre d’une guerre ouverte. Face à cette urgence, Washington est intervenu en coulisses pour éviter le pire. Pendant deux jours, le vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’État Rubio ont multiplié les appels aux Premiers ministres indien et pakistanais, proposant la médiation américaine. Ces efforts ont abouti le 10 mai à un accord de cessez-le-feu total et immédiat entre New Delhi et Islamabad, un développement que nul n’osait espérer quelques jours auparavant.

Donald Trump a lui-même annoncé la nouvelle au monde entier. « Après une longue nuit de pourparlers menés par les États-Unis, l’Inde et le Pakistan ont accepté un cessez-le-feu complet », s’est félicité le président sur son réseau social, saluant le « bon sens » des deux pays dans cette décision historique. Les gouvernements indien et pakistanais ont confirmé simultanément l’arrêt des hostilités, tout en affichant chacun leurs priorités (l’Inde réaffirmant sa lutte contre le terrorisme, le Pakistan son attachement à sa souveraineté). Signe révélateur, un haut responsable pakistanais a publiquement remercié Donald Trump pour son leadership et son rôle proactif en faveur de la paix dans la région, soulignant l’importance de la facilitation américaine dans ce dénouement. Il s’agit ni plus ni moins de la première véritable trêve entre ces deux adversaires depuis des années, obtenue sous l’égide de la diplomatie Trump.

Cette avancée en Asie du Sud revêt une portée considérable pour la stabilité régionale – et pour le palmarès du président américain. En évitant une conflagration entre deux États dotés de l’arme nucléaire, Donald Trump a su prévenir une menace majeure contre la paix mondiale. Il a de plus proposé d’entamer un dialogue sur la question épineuse du Cachemire, cœur du contentieux indo-pakistanais depuis plus de soixante-dix ans. Certes, New Delhi a décliné toute médiation étrangère sur ce dossier sensible, fidèle à sa doctrine traditionnelle. Il n’en demeure pas moins que l’initiative américaine a remis le sujet sur la table dans un esprit de compromis. En se posant en facilitateur entre l’Inde et le Pakistan, Trump s’inscrit dans les pas des grands négociateurs internationaux – ceux-là mêmes que le comité Nobel a souvent honorés pour avoir rapproché des ennemis héréditaires.

 

Des initiatives audacieuses au Moyen-Orient

Au Moyen-Orient, Donald Trump a également imprimé sa marque en quelques semaines, avec une série d’initiatives audacieuses pour pacifier la région. Tout d’abord, il a contribué à mettre un terme à l’escalade de la guerre à Gaza. Peu après son investiture, une trêve humanitaire a été arrachée entre Israël et le Hamas, mettant fin – du moins temporairement – à des mois de combats meurtriers dans la bande de Gaza. Cette cessation des hostilités, obtenue grâce à la médiation américaine, a permis la libération de 33 otages jusque-là détenus par le Hamas. Il s’agit d’un résultat concret, aux implications humanitaires évidentes. Le président Trump n’a pas hésité à employer son style de communication frontal pour faire pression sur les belligérants : lorsque le mouvement islamiste a semblé revenir sur ses engagements, il a publiquement averti ses dirigeants qu’aucun d’entre eux ne serait en sécurité s’ils reniaient leur promesse de relâcher les captifs. Le message a porté ses fruits. Les ex-otages, une fois sains et saufs, ont exprimé leur gratitude et appelé la Maison-Blanche à poursuivre ses efforts en vue de la libération des derniers prisonniers encore à Gaza. Si la paix entre Israël et les Palestiniens reste à construire, ce cessez-le-feu et cet échange de prisonniers initiés sous l’égide de Trump marquent un premier pas significatif vers un apaisement du conflit.

Parallèlement, l’administration Trump a rouvert des canaux de dialogue que l’on croyait condamnés. Dans un geste diplomatique sans précédent, Washington s’est engagé dans des pourparlers indirects avec l’Iran pour tenter de ressusciter un accord sur le nucléaire. Donald Trump, qui avait rompu l’accord de 2015 durant son précédent mandat, affiche désormais une volonté de compromis : « Je pense que nous allons parvenir à un accord avec l’Iran », a-t-il déclaré, se disant même prêt à rencontrer le président iranien en personne. Cette inflexion majeure vis-à-vis de Téhéran s’accompagne d’avancées concrètes ailleurs dans la région. Au Yémen, un cessez-le-feu a été conclu avec les rebelles houthis, mettant fin à une guerre civile désastreuse pour le pays et destabilisant pour la péninsule Arabique. Cet accord, négocié avec l’appui des États-Unis, ouvre la voie à une amélioration de la situation humanitaire et à la sécurisation d’un carrefour stratégique du commerce mondial (le détroit de Bab-el-Mandeb, vital pour le trafic maritime, retrouve calme et sécurité).

Donald Trump n’a pas hésité non plus à franchir des lignes diplomatiques inédites. Ainsi, contre toute attente, des émissaires américains ont dialogué directement avec le Hamas palestinien – pourtant considéré comme un groupe terroriste – pour obtenir la libération d’otages, brisant un tabou de longue date. De même, le président américain a rencontré le nouveau dirigeant syrien, un ex-opposant devenu chef d’État à Damas, afin de l’inciter à faire la paix avec Israël. En encourageant une normalisation entre la Syrie et l’État hébreu, Trump s’attaque à l’un des derniers fronts du conflit arabo-israélien encore ouverts. L’objectif affiché est clair : intégrer la Syrie au mouvement de réconciliation diplomatique déjà amorcé entre Israël et plusieurs pays arabes, et isoler par là même les factions extrémistes. Bien sûr, ces initiatives au Moyen-Orient comportent une part de pari. Elles irritent certains alliés traditionnels des États-Unis par leur caractère iconoclaste et leur rapidité d’exécution. Néanmoins, elles illustrent une vision nouvelle de la diplomatie américaine, décomplexée et centrée sur les résultats. En faisant fi de certaines conventions – parler à l’ennemi, lier accords économiques et processus de paix, bousculer les statu quo – Donald Trump a débloqué des situations figées depuis des années. Cette approche énergique et transactionnelle, aussi controversée soit-elle, offre une chance réelle d’apaiser des foyers de crise au Moyen-Orient. Là encore, le mérite lui en revient et renforce la légitimité de sa candidature au Nobel.

 

Pression maximale pour la paix en Ukraine

Enfin, le rôle de Donald Trump dans l’évolution récente de la guerre en Ukraine ne peut être ignoré. Durant sa campagne, le président promettait de mettre fin au conflit russo-ukrainien en « vingt-quatre heures » s’il revenait au pouvoir. Une fois en fonction, il a cherché à traduire cet engagement en acte, adoptant une stratégie inédite vis-à-vis de ce conflit qui déchire l’Europe depuis 2014. Rompant avec l’appui militaire inconditionnel de son prédécesseur à Kiev, M. Trump a opté pour une pression maximale sur les deux belligérants afin de les ramener à la table des négociations. Concrètement, cela s’est traduit par une franche explication avec Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, lors d’une rencontre hautement médiatisée à la Maison-Blanche fin février. Devant les caméras, Donald Trump n’a pas ménagé son interlocuteur, lui lançant qu’il « jouait avec la troisième guerre mondiale » en refusant certains compromis, et qu’il devait se montrer « plus reconnaissant » de l’aide occidentale. Le ton était abrupt – un échange sans filtre rarement vu entre un président américain et un allié –, mais il a porté un message clair : pour Washington, l’heure est venue de chercher une issue diplomatique plutôt que de prolonger indéfiniment la logique de guerre.

Cette approche musclée a suscité un certain malaise chez les alliés européens de l’Ukraine, tout en recevant un écho favorable à Moscou. Mais elle a surtout produit un résultat concret : l’amorce d’un dialogue de paix. À l’issue de l’entretien tendu avec M. Trump, le président Zelensky a consenti, pour la première fois depuis le début de l’invasion russe, à l’idée d’un cessez-le-feu temporaire sans condition préalable – une trêve de 30 jours, à condition bien sûr que la Russie en fasse autant. Si le Kremlin a refusé dans l’immédiat cette proposition, le simple fait qu’une telle offre existe représente un tournant. En parallèle, l’administration Trump a déployé son réseau diplomatique pour tenter de rapprocher les positions. Des discussions exploratoires impliquant des émissaires russes et américains se sont tenues en Europe, et le secrétaire d’État Rubio a multiplié les consultations avec les dirigeants de l’OTAN et de l’Ukraine. Quelques avancées ont été signalées en coulisses : selon des diplomates européens, des points de convergence commencent à émerger, même si de profondes divergences demeurent. À défaut d’un accord de paix immédiat, une dynamique est enclenchée. Le climat sur le terrain en Ukraine a évolué depuis l’arrivée de Trump : on observe un ralentissement des offensives majeures et une ouverture – timide mais réelle – à des pourparlers locaux sur des échanges de prisonniers et des zones démilitarisées. Autant de signes que la stratégie Trump, fondée sur la fermeté et la négociation simultanées, pourrait finir par porter ses fruits là où d’autres approches ont stagné.

Il est vrai que la méthode du président américain en Ukraine divise l’opinion. Son exigence d’un règlement rapide l’a conduit à brandir la menace d’un désengagement des États-Unis du conflit s’il n’y a « pas de progrès dans les prochains jours ». Ce chantage assumé a fait grincer des dents en Europe, certains y voyant un recul du soutien occidental à Kiev. Cependant, on peut y lire aussi la volonté sincère de privilégier la paix sur la surenchère militaire. En brusquant quelque peu ses partenaires, Donald Trump a replacé la recherche d’un cessez-le-feu au centre du jeu diplomatique – ce qui, in fine, sert l’objectif de sauver des vies et de prévenir une escalade incontrôlable. Si cette guerre trouve un terme négocié dans un avenir proche, l’empreinte de Trump dans ce dénouement sera indéniable. Là encore, il aura agi en catalyseur de paix, là où bien peu s’y risquaient.

 

Un bilan qui évoque celui d’autres artisans de paix récompensés

À la lumière de ces éléments, l’éventualité de voir Donald Trump lauréat du prix Nobel de la paix apparaît moins incongrue qu’il n’y paraît. L’Histoire a montré que le comité Nobel sait récompenser des démarches de paix courageuses, parfois même avant que tous les résultats ne soient consolidés, afin d’encourager leur aboutissement. En 2009, Barack Obama s’était vu attribuer le prix quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir, pour son discours d’ouverture au monde et ses promesses de désarmement, plus que pour des réussites concrètes. L’attribution avait été accueillie avec réserve par certains, estimant qu’il n’avait pas encore eu le temps de concrétiser ses nobles intentions. Dans le cas de Donald Trump en 2025, la situation est presque inverse : c’est son bilan factuel qui plaide pour lui. Contrairement à son prédécesseur à la Maison-Blanche, Trump a déjà à son actif des cessez-le-feu, des accords en gestation et des vies épargnées grâce à son intervention directe. En cela, sa démarche rappelle celles de lauréats du passé ayant effectivement mis fin à des conflits. On pense à Theodore Roosevelt, premier président américain nobélisé en 1906 pour avoir négocié la paix russo-japonaise, ou plus récemment à des artisans d’accords historiques comme les architectes des accords d’Oslo ou du traité de paix israélo-égyptien. Certes, Donald Trump est un personnage clivant sur la scène internationale, et son style abrupt tranche avec le ton consensuel de nombre de diplomates traditionnels. Mais le Nobel de la paix a souvent couronné des personnalités aux méthodes parfois contestées, dès lors que leur action contribuait effectivement à réduire les conflits et à rapprocher les peuples.

En définitive, juger de la valeur d’un candidat au Nobel de la paix requiert de s’affranchir des considérations partisanes pour s’en tenir aux résultats en matière de paix. Or, en ce printemps 2025, force est de constater que les résultats sont au rendez-vous pour Donald Trump. Du cœur de l’Afrique aux confins de l’Asie, du Proche-Orient aux steppes ukrainiennes, il a insufflé une dynamique de règlement des crises là où régnait l’enlisement. Bien sûr, tout n’est pas résolu et beaucoup dépendra de la capacité à transformer ces initiatives en paix durable. Mais reconnaître dès à présent ces avancées par l’attribution du prix Nobel de la paix serait un signal fort – un encouragement à persévérer sur la voie du dialogue et de la conciliation. Cela inscrirait surtout dans le marbre le fait qu’en cent jours, un dirigeant aussi controversé soit-il a su faire reculer la guerre sur plusieurs fronts. Et n’est-ce pas précisément la mission du Nobel de la paix que de mettre en lumière ceux qui, par leurs actes, rapprochent le monde de la paix ? Donald Trump, à sa manière, vient d’en fournir une éclatante démonstration.