L’ancien président américain a prononcé, mardi 15 avril, son premier discours public depuis son départ de la Maison Blanche. Il y a vivement critiqué les orientations de son successeur, notamment en matière de politique sociale.

Plus de deux mois après avoir quitté ses fonctions, Joe Biden est sorti de son silence. À 82 ans, l’ancien président démocrate a choisi Chicago pour faire entendre sa voix, lors d’une conférence consacrée à la Sécurité sociale. Il a saisi cette tribune pour adresser une critique virulente à l’administration de Donald Trump, qu’il accuse d’avoir causé des « dégâts » en un temps record.

« Cela ne fait pas encore cent jours, et cette nouvelle administration a déjà fait tant de mal », a déclaré M. Biden, évoquant une « destruction à couper le souffle ». Pendant près de trente minutes, il a alterné traits d’humour et attaques frontales, tout en laissant transparaître quelques hésitations, parfois interrompant ses anecdotes d’un laconique « Bref ».

Une réforme controversée de la Sécurité sociale

Au cœur de son propos, la réforme en cours de la Sécurité sociale, cet organisme fédéral chargé de verser retraites et allocations à plus de 68 millions d’Américains. Joe Biden a accusé Donald Trump d’orchestrer un démantèlement en règle de ce système. « Ils attaquent la Sécurité sociale à coups de hache », a-t-il lancé, évoquant le licenciement de 7 000 agents, dont de nombreux cadres expérimentés, et la menace de suppressions supplémentaires.

Selon l’ancien président, ces coupes budgétaires viseraient à financer des baisses d’impôts destinées aux plus fortunés. « Pourquoi veulent-ils la dévaliser ? Pour offrir d’énormes allègements fiscaux aux milliardaires », a-t-il martelé.

Des tensions politiques persistantes

Cette prise de parole intervient dans un climat politique toujours marqué par la rivalité entre les deux hommes. Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier, a réagi discrètement via son réseau Truth Social, en relayant un extrait vidéo de l’allocution de M. Biden, sans commentaire.

L’actuel président républicain a confié à Elon Musk, nommé à la tête d’une mission de réduction de l’appareil d’État, la supervision d’une réforme de la Sécurité sociale. Celui-ci a évoqué, sans fournir de données publiques précises, l’existence de fraudes massives, notamment des bénéficiaires fictifs prétendument âgés de plus de cent ans.

Une défense du contrat social

En dénonçant ces orientations, Joe Biden entend poser un cadre idéologique : « Il ne s’agit pas seulement de pensions de retraite. Il s’agit d’honorer un lien de confiance fondamental entre l’État et le peuple. » Une manière de réaffirmer sa vision d’un État protecteur, en opposition à une politique de désengagement qu’il juge brutale.

Alors que certains de ses anciens soutiens lui reprochent d’avoir tardé à se retirer de la course à la Maison Blanche, au profit de Kamala Harris, Joe Biden semble déterminé à demeurer une figure de recours au sein du Parti démocrate. Cette intervention pourrait marquer le début d’un engagement plus actif dans le débat public.