La politique internationale, en particulier lorsqu’elle concerne des contrats stratégiques avec des nations puissantes comme l’Arabie Saoudite, n’est jamais un terrain simple. Le binôme formé par Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, et Bassirou Diomaye Faye, président nouvellement élu, en fait actuellement l’amère expérience. Après avoir annoncé de manière fracassante la rupture du contrat liant l’État sénégalais à l’entreprise saoudienne Acwa Power, les dirigeants sénégalais semblent aujourd’hui faire marche arrière, illustrant ainsi les défis d’une diplomatie hasardeuse.
Un revirement spectaculaire
Il y a quelques semaines, Sonko et Diomaye Faye avaient fait les gros titres en annonçant la fin du contrat avec Acwa Power, une entreprise saoudienne spécialisée dans les projets énergétiques. Cette décision, justifiée par des soupçons de corruption, avait suscité des réactions aussi bien au Sénégal qu’à l’international. Pourtant, cette rupture unilatérale, qualifiée par certains d’« abusive », n’a pas tardé à provoquer une tempête diplomatique entre Dakar et Riyad.
Conscient des répercussions potentielles d’une telle décision, Sonko a rapidement demandé à son ministre de revenir sur cette rupture. L’objectif affiché est de trouver un moyen de sauver la face et de préserver les intérêts stratégiques du Sénégal. Ce revirement, qui pourrait être perçu comme un « retour en arrière », risque de ternir encore davantage l’image du duo à l’international.
Un deal pour sauver les apparences
Pour apaiser les tensions, Sonko a proposé à l’Arabie Saoudite plusieurs projets d’envergure, parmi lesquels la construction d’une « autoroute de l’eau », similaire à celles réalisées au Maroc et en Égypte. De plus, des milliers d’hectares de terres ont été offerts à Riyad pour y cultiver du riz, expérimenter la culture du blé, ainsi que des fruits et légumes. Ces terres, identifiées dans le sud et le nord du Sénégal, représentent une offre stratégique pour un pays comme l’Arabie Saoudite, où l’agriculture reste un défi majeur en raison du climat désertique.
Sonko ne s’est pas arrêté là. Dans une tentative d’apaiser encore plus les relations, il a exprimé le souhait qu’un gisement de pétrole soit exploité par l’Arabie Saoudite, tout en sollicitant une audience auprès du ministre saoudien de l’Énergie, Son Altesse le Prince Abdulaziz bin Salman Al Saoud. Une rencontre, prévue en septembre avec Birame Souley Diop, pourrait être l’occasion de redéfinir les termes d’une collaboration stratégique entre les deux nations.
Une leçon de réalisme politique
Ce revirement spectaculaire démontre la complexité des relations internationales, où la prise de décision ne se limite pas à des considérations internes, mais doit tenir compte des dynamiques géopolitiques mondiales. En tentant de rompre un contrat avec une puissance régionale comme l’Arabie Saoudite, Sonko et Diomaye Faye ont appris, peut-être à leurs dépens, qu’il n’est pas toujours possible de se séparer facilement d’un pays de cette envergure.
Ce retour en arrière, perçu par certains comme un « avalement de vomissures », pourrait bien être la preuve que le duo a sous-estimé l’importance stratégique de maintenir des relations solides avec Riyad. L’opinion nationale et internationale suivra de près l’évolution de cette situation, qui pourrait bien redéfinir la perception de la diplomatie sénégalaise sous ce nouveau régime.
L’épisode Sonko-Diomaye face à l’Arabie Saoudite est une leçon de réalisme politique pour le gouvernement sénégalais. Alors que la rupture semblait être une démonstration de souveraineté, elle s’est rapidement transformée en un casse-tête diplomatique qui met en lumière les défis de la gestion des relations internationales. Le Sénégal, en tant que nation, doit faire face à ces réalités avec pragmatisme et clairvoyance, tout en naviguant prudemment dans les eaux tumultueuses de la diplomatie mondiale.