L’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA),se retrouvent ce jeudi (17 février) et vendredi (18), pour un sommet très important, dans un contexte de pandémie de la Covid et de menaces terroristes en Afrique, notamment.
Sur fond de crise économique avec une bulle inflationniste qui fait grimper les prix des denrées de premières nécessité et autres, avec un impact social négatif, partout et plus accentué encore en Afrique, où les couches défavorisées constituent l’immense majorité de la population.
Cette situation complexe explique bien des dérives qui secouent le continent africain qui ploie sous une pression démographique ingérable.
Les Européens ont-ils vraiment conscience de cette montée des périls en Afrique qui menace les expériences démocratiques fragiles ?
Qui crée une sorte de génération spontanée de démagogues populistes, militaires et/ou civils, qui ont déjà réussi à faire des coups d’Etat au Mali et au Burkina.
Le cas guinéen est différent, mais évolue sur la même veine.
Le cas tchadien est spécifique.
Mais cette nouvelle pandémie de coups d’Etat n’annonce rien de bon et devrait être prise très au sérieux.
L’UE doit redynamiser sa coopération avec l’Afrique, en changeant de logiciel, pour favoriser des projets fédérateurs d’infrastructures, dans tous les domaines.
En mettant l’accent sur la formation pratique ,les métiers, avec des investissements dans des projets créateurs d’emplois.
Le manque d’emplois des jeunes et pire encore, leur manque de perspective et d’espoir, est une bombe sociale qui est en train d’exploser partout sur le continent.
Les vagues migratoires, les crispations à répétition dans les universités et lycées ,les grèves ,les contestations de toutes les autorités, par le biais des réseaux sociaux, en zone urbaine ,sont des phénomènes couvés par ce contexte explosif.
L’Europe, avec ses schémas réducteurs ,doit revoir sa copie et faire l’analyse concrète de la situation concrète africaine…
Sinon, elle sera doublée par la Chine qui investit déjà plus qu’elle en Afrique ; et il y a aussi l’Inde, la Turquie ,le Brésil et d’autres, qui s’implantent durablement en Afrique.
Sans oublier les russes qui sont un poison pour les expériences démocratiques continentales. La Chine aussi, ne se pose pas trop de questions sur les « Droits de l’homme » et la « démocratie ».
L’UE est à la croisée des chemins en Afrique, où de nouvelles générations post -indépendance ,sont sur le devant de la scène.
Elles ne sont pas habitées par les idéologies révolutionnaires d’antan, mais par des sentiments de frustration ,face à un avenir en clair-obscur.
Mobiliser cette jeunesse en colère semble une gageure ; mais il n’y a pas d’autre choix.
Des investissements bien ciblés ,dans des secteurs d’avenir ,y compris l’agriculture ,sont des pistes à explorer.
La formation et l’éducation aux métiers, sont aussi à favoriser par des initiatives sur le modèle « ERASMUS », par exemple.
L’impératif est qu’au bout du compte, il y ait des emplois rémunérateurs et durables.
Une lutte efficace contre l’émigration clandestine doit proposer des solutions sur le continent.
Mais l’Europe a aussi intérêt à ouvrir ses portes à une immigration choisie, en dialoguant avec les Etats africains.
L’évident est que l’Europe vieillit et a absolument besoin de jeunes travailleurs, dans tous les domaines.
Qui parle encore du million de syriens et d’irakiens régularisés par la Chancelière Angela Merkel et qui se sont intégrés à la population allemande ?
Cela a été possible parce que l’Allemagne en avait besoin et ces immigrés étaient, pour la plupart des gens bien formés et désireux de s’intégrer.
L’immigration est un domaine de coopération et non un incubateur des idées racistes de l’extrême droite européenne.
Cette question du racisme est une plaie qui ne s’est pas encore cicatrisée en Europe et la pression des partis d’extrême droite pousse les formations de droite modérée à flirter avec des thèmes sulfureux comme le « grand remplacement »,agité par Zemmour en France.
La montée des droites extrêmes ,dans toute l’Europe est un sujet de préoccupation que le « politiquement correct » écarte ,dans un sommet officiel.
Mais ce serait une erreur de fermer les yeux sur les cris de singe dans les stades, les attaques violentes contre les immigrés qui seraient la cause de tous les maux ?
Les démocraties européennes ont un devoir d’exemplarité ,surtout lorsqu’elles donnent des leçons de défense des Droits de l’homme.
L’Europe a une tâche urgente : balayer devant sa propre porte,s’engager avec rigueur et sincérité avec l’Afrique et agir en conséquence.
La refondation des relations entre l’Europe et l’Afrique sera à ce prix.
