Le président tunisien Kaïs Saïed

Le second tour des législatives en Tunisie est marqué par le désintérêt des électrices et électeurs. À peine plus de 11% d’entre eux ont participé au scrutin ce dimanche 29 janvier. La principale coalition d’opposants en Tunisie a appelé dimanche à former un front uni politique et syndical pour faire partir le président Kais Saied.

 

 

Le Front de salut national (FSN) a appelé les autres partis d’opposition, la société civile et la puissante centrale syndicale UGTT à « travailler main dans la main pour créer le changement par le départ de Kais Saied et aller à une élection présidentielle anticipée ».

 

Selon Ahmed Nejib Chebbi, président du FSN qui inclut le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, le maigre taux de participation de 11,3% – chiffres préliminaires –, annoncé pour le deuxième tour des législatives dimanche, « prouve encore une fois l’échec total » de Kais Saied. Cela veut dire que « près de 89% ont tourné le dos à cette pièce de théâtre et refusé de participer au processus » politique de M. Saied, a-t-il déclaré à l’AFP.

 

Le premier tour avait déjà été marqué par une abstention de quasi 90%, un record depuis l’avènement de la démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe où certains scrutins rassemblaient jusqu’à 70% des électeurs dans la dernière décennie.

 

L’élection de 131 députés (sur 161 sièges dont 30 déjà pourvus au premier tour) représente l’ultime étape de réformes imposées depuis 18 mois par le président Kais Saied pour revenir à un système hyper-présidentialiste, similaire à celui d’avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali.

 

Estimant le pays ingouvernable, M. Saied s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, puis a révisé la Constitution l’été dernier pour abolir le système parlementaire hybride en vigueur.

 

Les experts ont expliqué la faible affluence par divers facteurs dont un mot d’ordre de boycott du scrutin par les principaux partis politiques. Malgré de profondes divisions qui l’empêchent de mobiliser dans la rue, l’opposition a dénoncé de façon unanime un processus qualifié de « coup d’Etat » et une « dérive dictatoriale » de M. Saied.