Des affrontements tribaux entre Arabes et non-Arabes ont fait au moins 24 morts hier dimanche, dans la région soudanaise du Darfour, a annoncé une organisation humanitaire. C’était le dernier épisode de violence intercommunautaire à secouer la région touchée par le conflit.

Les combats sont nés d’un différend financier samedi soir entre deux individus dans le camp de personnes déplacées de Kreinik dans la province du Darfour-Ouest, a déclaré Adam Regal, porte-parole de la Coordination générale pour les réfugiés et les personnes déplacées au Darfour.

Regal a déclaré que des milices arabes connues sous le nom de Janjaweed ont attaqué le camp tôt dimanche, incendiant et pillant des propriétés. Au moins 35 autres personnes ont été blessées, a-t-il déclaré.

Un hashtag qui dit “Kreinik saigne” en arabe était à la mode sur Twitter dimanche, les utilisateurs publiant des images montrant prétendument des maisons brûlées et des corps enveloppés dans des linceuls funéraires.

Le camp est situé à environ quatre kilomètres (environ 2,5 miles) à l’Est de la capitale provinciale de Genena, et abrite des personnes déplacées de la tribu africaine Masalit, qui ont été forcées de quitter leurs maisons pendant le conflit du Darfour.

Les violences à Kreinik sont les dernières à secouer le Darfour occidental ces dernières semaines. Le mois dernier, un différend foncier entre Arabes et non-Arabes dans la région de Jebel Moon a conduit à des affrontements sanglants qui ont fait au moins 17 morts et 12 autres blessés.

Dans la province voisine du Darfour méridional, les affrontements tribaux au cours des deux derniers mois ont coûté la vie à au moins 45 personnes dans la ville de Tawila, selon le Comité soudanais des médecins.

De tels affrontements posent un défi important aux efforts déployés par les autorités de Transition du Soudan pour mettre fin à des rébellions qui durent depuis des décennies dans certaines régions comme le Darfour, ravagé par la guerre. Le Soudan est au milieu d’une Transition démocratique fragile, depuis qu’un soulèvement populaire a forcé le renversement de l’autocrate de longue date Omar el-Béchir en avril 2019.

Le conflit du Darfour a éclaté lorsque des rebelles de la communauté ethnique d’Afrique centrale et subsaharienne du territoire ont lancé une insurrection en 2003, se plaignant de l’oppression du gouvernement à majorité arabe de Khartoum.

Le gouvernement d’El-Béchir a répondu par une campagne de bombardements aériens et de raids par les Janjaweed, qui sont accusés de massacres et de viols. Jusqu’à 300 000 personnes ont été tuées et 2,7 millions ont été chassées de leurs maisons.

El-Béchir, qui est en prison à Khartoum, fait face à des accusations internationales de génocide et de crimes contre l’humanité liés au conflit du Darfour.