Idrissa Seck et Ousmane Sonko

En 2007, le patron du parti « Reewmi », M. Idrissa Seck participait pour la première fois à l’élection présidentielle de 2007. Il avait obtenu 14, 93% des voix, en se classant deuxième après le Président sortant, Me Abdoulaye Wade, qui, lui, a obtenu 55,90% des voix. En 2019, Ousmane Sonko, fondateur du parti « Pasteef » inaugurait son baptême de feu politique, en participant à la présidentielle de la même année. Au bout de la course électorale, il termine 3 ème avec 15, 67%, juste derrière ce même Idrissa Seck qui a été devancé par le président sortant Macky Sall, qui a pu éviter un deuxième tour, grâce à un score, plus qu’honorable de 58, 27% de voix. Les points de ressemblance entre Idrissa Seck « Ndamal Kadior » et Ousmane “le Salafiste”, ne s’arrête pas là.

Idy, comme aiment l’appeler ses militants, a usé d’un populisme, teinté d’un discours aux allures religieuses. Il aimait si bien agrémenter ses propos politiciens par des versets coraniques et des « hadiths ». Depuis sa reconversion au mouridisme, en 2018/2019, il a troqué versets et hadiths contre les « Qassaïdes » du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Avant de récolter les dividendes de son allégeance à la voie de Cheikh Ahmadou Bamba, Idy profita d’une conférence de presse pour s’adonner allègrement à ses envolées lyriques politiciennes et commit des impairs concernant le statut de la Kaaba, de Bayt Al Maqdiss (lieux saints de l’islam) et de la question palestinienne. Cela, lui a valu un lynchage médiatique dont il ne s’est jamais relevé. Ousmane Sonko lui, fait du populisme de bas étage, dont le leitmotiv reste la lutte contre « le système ». Au nom de cette guerre sainte, il avait sorti une fatwa, selon laquelle, les quatre premiers présidents du Sénégal notamment Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall mériteraient la potence. Contrairement à Idy qui portait fièrement le sobriquet de « mara »(diminutif de marabout), Sonko lui, récusait le qualificatif de « salafiste » et fait tout pour que sa barbichette d’un vice émir de Daéch ne soit interprété comme le signe distinctif d’un islamiste bon teint.

Pris dans son propre piège, Sonko a profité de la célébration de la journée du 8 mars pour s’adresser aux femmes de son parti. Là, il enfile son turban de « guide religieux » pour interpréter devant des fans médusés, les versets 10, 11 et 12 de la sourate at-tahrim ( l’interdiction).Il prend toutefois la précaution de dire à son auditoire : « Je sais que vous n’avez pas l’habitude de m’entendre parler de quelque chose qui m’est cher, mais aujourd’hui, je vais tordre la règle et vous entretenir de la conception que j’ai de la femme », a-t-il dit avant d’arborer la toge d’un « moufassir » ( commentateur du saint coran).

En effet,  ce qui intéresse le populiste, c’est le pouvoir, quel que soit le mode par lequel, on le conquiert. Compte tenu de l’impact du discours religieux sur la société sénégalaise, rien n’exclut de voir un jour, Ousmane Sonko marcher sur les traces d’Idrissa Seck, en essayant de tenter la manipulation de l’opinion via la récitation de versets et de sourates, mais dans un tel cas, il risquerait de commettre les mêmes erreurs qu’Idrissa Seck.