Mais quel virus a contaminé les membres de l’opposition sénégalaise qui se donnent en spectacle, en s’attaquant, les uns, les autres, avec une telle férocité ?

La charge virale aurait pénétré des esprits poreux aux théories complotistes et qui  donc, sont d’une suspicion maladive.

La nouvelle qui est à l’origine du déchaînement verbal est la mise en branle supposée de tractations entre « Karim Wade, Khalifa Sall et Sonko », qui chercheraient à faire coalition et/ou cause commune pour les élections locales.

Pour les autres opposants ignorés, la rumeur suffit pour sortir la grosse artillerie des accusations de « trahison, de choix de négocier avec le pouvoir, de faire bande à part, de saper l’unité de l’opposition etc. »

Passé au tamis de l’analyse politique rationnelle, les attaques violentes n’ont aucune pertinence car, enfin, les « trois mousquetaires » ciblés, sont libres de définir leurs propres objectifs politiques et d’agir en conséquence, pour essayer de les réaliser.

Pourquoi diable, seraient-ils chargés de « co-voiturer », si on peut dire, d’autres opposants qui parlent beaucoup dans les médias pour cacher leur manque pathétique de représentativité populaire ?

Pour ces opposants là, l’« unité de l’opposition » est un cache-sexe commode pour éviter une nudité  infâmante.

En faisant feu sur les «trois mousquetaires », ils contribuent à faire imploser l’opposition qui a toujours été composée de monades gonflées d’ambitions avortées, de ministres remerciés devenus haineux, et même d’un ancien Premier ministre, atteint de Covid mental, sans oublier les ex-députés oubliés des listes, des ex-DG admis à faire valoir leurs droits à une pension de retraite, de « poli-tacticiens » égarés, de « poli-businessmen » recadrés etc.

Cette longue liste d’opportunistes en tous genres, ne fait pas foule compacte pour une vraie opposition, responsable et démocrate.

Ce qui se passe aujourd’hui donc, révèle les contradictions irréductibles qui traversent « l’opposition » qui doit faire face à la réalité politique, marquée sous tous les cieux, par le choc des intérêts, la compétition féroce pour la conquête du pouvoir et la volonté des uns et des autres de tirer leur épingle du jeu.

Les « trois mousquetaires » ont des problèmes personnels à régler, mais certainement pas des intérêts communs à sauvegarder pour le long terme.

Les trajectoires de chacun d’entre eux ne convergent pas toujours et, il n’est pas certain que ceux qui les suivent continuent comme des moutons de Panurge de le faire, si jamais le « deal » porté par la rumeur, prenait forme.

Dans le temps, Wade avait réussi à faire avaler la pilule de sa participation aux gouvernements d’Abdou Diouf, à ses militants.

Aujourd’hui, la donne a changé avec des « sermoneurs » publics, des moralistes épistoliers et même des imams, plus présents dans les médias que dans les mosquées et tout ce beau monde vit dans l’univers chimérique d’une société parfaite qui n’existe nulle part.

Leur seul point de convergence est la détestation conjoncturelle du pouvoir. Car dès qu’ils sont appelés, ils oublient leurs propos d’hier et « font la paix des braves ».

C’est de bonne guerre politique, car celle-ci est l’art du réel.

La table du dialogue est ouverte et des actes sont posés quotidiennement qui le prouvent.

Cette nouvelle crise de l’opposition sénégalaise est au fond, révélatrice de sa maladie congénitale, car les théories farfelues de Sonko sur « l’anti-système » et sa bande de fonctionnaires repus au foncier ; les discours naïfs et hors-sol de Khalifa Sall (qui sait bien qu’il n’est ni électeur, ni éligible sans amnistie et la politique de la chaise vide de Karim Wade qui doit 138 milliards de francs CFA, depuis sa condamnation), sont des chemins politiques d’impasse.

Que ces trois cherchent une issue politique, rien de plus normal.

Le dialogue et le débat sont toujours ouverts, dans le respect de la loi et des prérogatives de chacun, dans le cadre institutionnel .

C’est pourquoi les gardiens du dogme auto-proclamés, les parangon de vertu qui fréquentent les salles en clair-obscur de massage et autres inquisiteurs démasqués, doivent changer de métier.

L’opposition sénégalaise et une certaine société civile qui avance masquée, sont à dénoncer et avec vigueur.

Les opposants qui se crêpent le chignon et se brûlent la barbe, font objectivement le jeu du pouvoir, qui peut se délecter, en comptant les coups.

L’opinion publique, quant à elle, constate de visu la légèreté d’hommes et de femmes politiques -qui aspirent aux plus hautes responsabilités et qui n’ont que l’insulte à la bouche-.

Ces gens-là sont des anti-démocrates qui s’ignorent et qui font semblant d’oublier que les citoyens ont exprimé leur choix dans les urnes.

Le verdict des urnes est le juge de paix de la démocratie.

Ceux qui n’ont été élus par personne doivent savoir raison garder.

Ce n’est pas de la morale ; c’est de la démocratie .