Les candidats de l’opposition sénégalaise comptent sur Abdoulaye Wade pour revenir sur son appel au boycott de la présidentielle.

edDe retour de Conakry où il s’était rendu à l’invitation du président Alpha Condé, Wade a boudé les micros et s’est emmuré dans un silence assourdissant. C’est son homme lige Amadou Sall -qui l’avait accompagné dans son déplacement- qui s’est adressé à la presse.

Pour affirmer qu’il s’agissait de « discussions entre deux amis », le président guinéen s’étant inquiété que la situation du Sénégal puisse être menacée pendant le processus électoral. Et Wade aurait dissipé les craintes de son interlocuteur en s’engageant à « mener une action pacifique pour empêcher la tenue du scrutin du 24 février ».

Les propos de Amadou Sall sont brumeux même si tout le monde note une tonalité moins guerrière de la part de ce partisan borné des Wade. À l’évidence le périple guinéen a calmé Wade qui a annulé, dans la foulée, son déplacement qui était programmé à Saint-Louis et qui aurait été « la première étape de sa campagne électorale ».

Il faut s’en féliciter car toute épreuve de force est grosse de dérives imprévisibles. Toutefois, la stricte vérité est que Wade n’a pas les moyens de mettre à exécution ses menaces. Il n’est pas candidat et n’a pas le droit de mener campagne en cette période électorale. S’il tentait de le faire, l’Etat s’y opposerait avec rigueur et fermeté.

Finalement sa position de ne soutenir aucun candidat est logique car, en 2017, les opposants qui le sollicitent aujourd’hui, n’avaient pas voulu se ranger derrière lui. Il les avait, tous devancés en obtenant 19 députés sur 165 (BBY en totalisait 128 et la coalition Taxawu Senegal 7).

Le papy de la politique sénégalaise prend sa revanche sur les uns et continue de rejeter Idrissa Seck qui s’était permis de l’enregistrer, de l’espionner et de divulguer, sur la place publique, leurs discussions privées.

Wade qui avait fait emprisonner Idrissa Seck, ne lui pardonnera jamais ses multiples trahisons. Quid de Madické Niang qu’il a accusé de l’avoir poignarder dans le dos ? Wade lui a aussi, définitivement tourné…le dos.

Sonko est allé le voir parce qu’il lui a fait l’aumône d’une audience. Mais, il a refusé d’aller plus loin, lui prédisant même, un prochain séjour carcéral. Si, depuis son retour de la capitale guinéenne, Wade reste aphone et plongé dans le clair-obscur, il n’en garde pas moins ses distances avec les quatre candidats de l’opposition. Ils ne valent rien à ses yeux.

Seul Karim l’intéresse et les politologues, à la petite semaine, qui pronostiquaient un éventuel soutien de Wade à Mademba ou Massamba, rasent les murs. Il y aussi les lâches qui souhaitaient profiter des actes de violence annoncés par Wade, pour réaliser leurs projets néfastes.

Pour l’heure, ils sont déçus car Wade semble renoncer à ses pulsions de pyromane. A-t-il rencontré un psychanalyste efficace à Conakry ? Alpha Condé a-t-il donné un calmant à son hôte ?

Quoiqu’il en soit, le périple guinéen du Sopiste en chef a eu des vertus thérapeutiques. Celles-ci sont-elles passagères ou de longue durée ? Wait and see !